Mais la reprise, en octobre, des constructions israéliennes dans les territoires palestininens occupés, après la fin du moratoire sur le gel des colonies, a relancé ce blocage diplomatique, touchant directement l'institution lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy pour "construire la paix en Méditerranée". L'annonce, la semaine dernière par Israël, d'une nouvelle vague de 1 300 logements supplémentaires à Jérusalem-Est, déjà de nature à fortement compromettre le processus de paix au Proche-Orient, a particulièrement pesé dans la décision de certains pays de ne pas participer au sommet.
"LES POSITIONS ISRAÉLIENNES NE NOUS AIDENT PAS"
"Tant qu'il y a cette condition de grande crispation au Moyen-Orient, (...) tant qu'il y a ce conflit majeur israélo-arabe, c'est difficile de réunir ce sommet. (...) Il y a un blocage préventif du fait qu'on ne peut pas discuter politique", expliquait dimanche Nassif Hitti, ambassadeur de la Ligue des Etats arabes (participant à part entière à l'UPM), qui impute la responsabilité du report du sommet aux Israéliens.
L'Espagne, pays organisateur du sommet, avait pourtant envoyé mercredi un délégué spécial à Alger, pour tenter de calmer le jeu : l'amélioration de la situation au Proche-Orient était la condition centrale posée par l'Algérie avant toute participation au sommet de l'UPM. De leurs côtés, les ministères des affaires étrangères français et égyptiens s'étaient retrouvés le 11 novembre au Quai d'Orsay. Ils avaient évoqué les "obstacles sur la route du processus de paix israélo-palestinien" notamment dans "la perspective du sommet de Barcelone", après le voyage du ministre égyptien à Washington.
Mais comme l'avouait alors le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Pierre Lellouche, "les positions israéliennes ne nous aident pas. Elles n'incitent pas non plus les Arabes à venir à la table". Aucune évolution n'étant intervenue depuis ce constat (les discussions poursuivies ce week-end entre Israéliens et Américains, portant sur la question d'un nouveau gel de la colonisation, n'en étant qu'au stade des déclarations d'intention), l'annulation du sommet de Barcelone de vendredi, auparavant jugée "très probable" par de nombreux diplomates, était devenue inévitable.
PAS DE DATE POUR LE PROCHAIN SOMMET
Les experts s'accordent à dire que ce nouvel ajournement constitue un coup dur pour l'UPM : l'Egypte, la France et l'Espagne ont certes appelé lundi "à une reprise rapide des négociations entre Israéliens et Palestiniens", mais n'espèrent pas que le sommet puisse être organisé à Barcelone avant "les prochains mois". Même s'il permet de porter de l'avant des projets concrets (dépollution, transports, eau, environnement), ce partenariat ambitieux est allé depuis sa création de déconvenue en déconvenue, principalement liées à la crise israélo-palestinienne.
En outre, deux ans et demi après son lancement, l'UPM fait toujours l'objet de nombreuses "réticences" des différents partenaires, souligne l'Institut français des relations internationales. Les Etats du nord de l'Europe, plutôt portés sur les relations diplomatiques et commerciales avec l'Est et la Russie, restent sceptiques ou peu mobilisés pour ce projet. De leur côté, le Maroc, la Tunisie et la Jordanie sont plus intéressés par l'association que l'Europe leur propose, tandis que la Turquie soupçonne dans l'UPM "un substitut" à son adhésion à l'UE.
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