Déçus par l'éviction de leurs principaux représentants, les centristes veulent s'émanciper et pensent déjà à 2012. Mais le rassemblement s'annonce difficile entre les radicaux et le Nouveau Centre.
Chez les deux intéressés, la frustration a en tout cas rapidement laissé sa place à des ambitions à peine voilées. Dimanche, le président du parti radical et son homologue du Nouveau Centre ont tous deux profité de leur liberté de parole retrouvée. Avant même l'annonce du nouveau gouvernement, le ministre sortant de l'Ecologie a annoncé par communiqué avoir «choisi de ne pas appartenir» à la nouvelle équipe et vouloir se concentrer sur ses «valeurs, qui ne sont pas de circonstances» dans la nouvelle équipe gouvernementale. A demi-mots, Jean-Louis Borloo rompt ainsi avec le nouveau cap de l'exécutif et cherche à se placer au cœur du la conquête du centre. Quant à l'ancien ministre de la Défense, il ne mâche pas ses mots : «J'ai vu apparaître une équipe de campagne électorale, UMP, je pourrais même dire proche du RPR, je le regrette», lâche Morin. Et de rappeler sa volonté de «voir une voix centriste indépendante présente lors des prochaines échéances électorales»:
Ses ambitions pour 2012, Hervé Morin les a toujours affichées. Désormais débarrassé des obligations gouvernementales, il compte désormais mettre son plan a exécution : rassembler la famille centriste autour du Nouveau Centre, qui, à la différence du parti radical, n'est pas associé à l'UMP. Un «avantage» que le parti d'Hervé Morin pourrait ne pas conserver longtemps. «Il y a aujourd'hui de la part de ses dirigeants la nette volonté de voir le Parti radical s'émanciper de l'UMP tout en restant dans la majorité», a souligné dès dimanche Laurent Hénart, le numéro 2 des radicaux. Jean-Louis Borloo pourrait ainsi quitter son poste de vice-président du parti majoritaire pour mener à bien le rassemblement des centristes.
Un premier pas vers une candidature en 2012 ? Du côté des radicaux, on assure vouloir d'abord rassembler. «Il ne s'agit pas de mettre à mal la majorité présidentielle dont le candidat naturel est le président», relativise Yves Jégo. «Le rôle de Borloo sera de participer à la réunification des centristes pour mieux peser sur les choix politiques dans les 18 mois qui viennent», prédit, de son côté l'UMP Pierre Méhaignerie (ex-UDF). La prudence reste donc de mise, mais une candidature de Borloo, populaire dans l'opinion, serait vue d'un bon œil au centre, y compris par certains membres du Nouveau Centre qui doutent des capacités d'Hervé Morin à créer le consensus.
Si le mouvement d'émancipation des centristes est bel est bien lancé, la question du leadership est donc loin d'être réglée. En témoigne l'ordre dispersé des réunions prévues lundi : Hervé Morin va réunir ses troupes dans la journée et Jean-Louis Borloo a prévu de faire de même dans la soirée à l'Assemblée nationale. Il devrait y préciser les contours de son projet de «confédération des centres», à laquelle la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel, lui aussi évincé du gouvernement, a déjà accepté de participer. L'Alliance Centriste de Jean Arthuis, qui milite depuis longtemps pour le retour de l'UDF, pourrait également rejoindre le mouvement. Mais si cette nouvelle union centriste a des chances de voir le jour, elle devra régler l'épineuse question des relations avec François Bayrou et Dominique de Villepin, qui ne font guère de mystères sur leurs ambitions présidentielles. La guerre du centre aura bien lieu.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire