TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Complémentarité

Pour pouvoir donner naissance à la psychanalyse, Freud aurait procédé, selon certains de ses éminents exégètes, à une interminable autoanalyse. Avant que se dessine le vrai visage du sarkozysme, sans doute fallait-il en passer par le long intermède du remaniement qui a permis au duo de l'exécutif, Nicolas Sarkozy et François Fillon, de mener, au vu et au su de tous les Français, une autoanalyse politique de leur relation. Que l'un comme l'autre en aient conclu qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner en reprenant chacun leur liberté, un an et demi avant la fin du quinquennat, crée une situation beaucoup plus nouvelle que pourrait le laisser penser le flot de commentaires déversés depuis hier sur l'air du « tout ça pour ça ».

De cette manière, inédite sous la V e République, le président a confirmé que son « nouveau cap » s'attacherait surtout à fixer et à clarifier le cap pris durant les trois années et demie précédentes. Le style présidentiel, parfois déconcertant, la crise financière mondiale, qui a donné primauté à l'urgence sur la lisibilité dans la stratégie économique, les aléas de l'ouverture, finalement plus déstabilisante avec le temps pour la majorité que pour l'opposition, contrairement au but recherché, tous ces facteurs, et quelques « affaires » en prime, ont trop souvent masqué l'essentiel : une politique de réformes de grande ampleur, menée tambour battant, pour rattraper le retard de compétitivité pris par une France engluée dans les fausses certitudes de son « exceptionnalité ».

C'est la constance avec laquelle cette nécessité a été réaffirmée qui caractérise certainement le mieux le « sarkozysme ». Il lui a longtemps manqué, pour prendre toute sa cohérence et gagner toute sa crédibilité, une pièce essentielle qui a dû attendre la réforme des retraites, et le vote d'un budget marqué -du moins au niveau des intentions -du signe de l'austérité, pour s'imposer dans le discours du pouvoir : celle de la priorité donnée au rééquilibrage des finances publiques. Changer maintenant le Premier ministre qui avait choisi d'incarner dès le début cette « ligne » - « je suis à la tête d'un Etat en situation de faillite », sa formule choc date de septembre 2007, quatre mois après sa première nomination à Matignon -, c'était semer à nouveau le doute sur l'engagement de l'Elysée derrière le choix de la rigueur. Encore plus si ce changement avait été orchestré au nom d'un hypothétique « tournant social », l'Arlésiennne de la vie politique française postmitterrandienne.

La complémentarité entre les réformes et la rigueur, c'est celle qui lie politiquement Nicolas Sarkozy et François Fillon. Elle est difficile, comme leurs rapports ont pu l'être. Elle est devenue plus que jamais indispensable à la réussite de ce quinquennat.

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