TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Le gouvernement s'installe, les problèmes s'esquissent

Le nouveau gouvernement français, marqué par une stabilité aux postes importants, devait s'installer lundi alors que les problèmes politiques posés par un remaniement préparé pendant six mois s'esquissent.
Les premières cérémonies de passation de pouvoirs étaient prévues dans la journée. Le premier conseil des ministres est programmé pour mercredi matin.
Le Premier ministre François Fillon et les titulaires des portefeuilles de l'Economie (Christine Lagarde), du Budget (François Baroin) et de l'Intérieur (Brice Hortefeux) sont reconduits, tandis que sont chassées les personnalités issues de la gauche comme Bernard Kouchner (Affaires étrangères) et que font leur retour des poids lourds de la droite comme Alain Juppé (Défense).
Christine Lagarde a résumé la vision du pouvoir sur ce remaniement, en le qualifiant de "totalement révolutionnaire" avec une pointe d'ironie.
"Le principe de la Révolution c'est que vous faites un tour complet à 360°", a-t-elle dit sur France Info.
Elle a confirmé que la réforme fiscale déjà annoncée avant le remaniement compterait parmi ses principales tâches.
"Nous avons à retravailler toutes les questions fiscales, en particulier dans une perspective de convergence avec l'Allemagne", a-t-elle dit.
Priée de dire si elle était favorable à la suppression de l'ISF (Impôt de solidarité sur la fortune), elle n'a pas répondu directement, déclarant : "je suis favorable à un régime fiscal qui soit de nature à encourager la localisation sur le territoire français, l'investissement et qui ne pèse pas lourdement sur le travail".
Ce dossier a déjà été lancé avec notamment l'idée de supprimer éventuellement le "bouclier fiscal", dispositif très contesté qui profite aux plus favorisés, en même temps que l'ISF qui taxe les patrimoines importants.
BERTRAND PARLE DE "NOUVELLE ÉTAPE"
Sur RTL, le nouveau ministre du Travail, Xavier Bertrand, de retour au gouvernement après un passage à la tête de l'UMP, a salué "une nouvelle étape de la vie politique".
Il envisage de mener à bien la réforme de l'hôpital et a expliqué qu'il s'était entretenu dès dimanche soir au téléphone avec les syndicats.
La gauche estime que ce changement de gouvernement, envisagé depuis mars dernier, ne permettra aucun changement de politique. Il exprime plutôt à ses yeux la volonté de Nicolas Sarkozy de resserrer les rangs de la droite en vue de la présidentielle de 2012.
Outre Alain Juppé à la Défense, une ancienne proche de Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, est transférée de la Justice aux Affaires étrangères, tandis que François Baroin, protégé de l'ancien président et confirmé comme ministre du Budget, devient de plus porte-parole du gouvernement.
Les centristes, qui ont manqué Matignon avec Jean-Louis Borloo et voient le ministre de la Défense Hervé Morin chassé du gouvernement, ont également jugé être les sacrifiés de ce remaniement, même si l'un des leurs, Michel Mercier, devient ministre de la Justice.
Jean-Louis Borloo a déclaré dès dimanche dans un communiqué qu'il retrouvait sa "liberté de parole". Hervé Morin, qui a déjà annoncé son intention de se présenter en 2012, a également exprimé sa volonté de rassembler autour de son parti, le Nouveau centre, toujours officiellement allié de l'UMP.
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, rêve de prendre la tête des personnalités de droite qui se retrouvent en marge du pouvoir.
"Il faut s'élargir, il faut s'ouvrir, (il faut) en France une grande coalition de bonnes volontés. Les gaullistes sont là, disponibles. Il y a les radicaux, il y a les centristes. La politique doit traduire les envies des Français", a-t-il dit sur Canal+.
Les commentateurs retiennent notamment le fait que François Fillon, donné partant mi-octobre, ait obtenu son maintien. Ils jugent qu'il en sort renforcé et pourra être cette fois à l'origine des décisions.
"Fillon garde Sarkozy", titre ainsi Libération tandis que la Tribune opte pour "L'hyper-Premier ministre".

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