TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Tête-à-queue

C'est un tournant, mais pas celui que Nicolas Sarkozy avait dessiné sur la carte de son quinquennat. Hier, c'est même un tête-à-queue que le chef de l'État a fait sur son itinéraire.
Rien, décidément, ne s'est passé comme il l'avait imaginé. Après l'été sécuritaire, on devait passer au final social. A un premier ministre rigoureux devait succéder un finisseur généreux. Si le remaniement avait été annoncé avec une anticipation iconoclaste, c'est parce qu'il avait été inscrit, longtemps à l'avance, comme un point de bascule. Un point de rendez-vous du président avec l'histoire de son mandat.
C'est raté. Le président a dû renommer à Matignon celui qu'il s'était décidé à écarter. François Fillon revient vivant du cimetière des anciens Premiers ministres. Perdu pour perdu, il a pris tous les risques pour finalement gagner son bras de fer avec l'Élysée. Le pouvoir sourit aux audacieux. Le chef du gouvernement gagne sur tous les tableaux : non seulement, il reste, mais il conquiert une extension de son autonomie politique, et un rééquilibrage de l'exécutif à son profit. Un revers pour le concept de l'hyperprésidence infligé par celui qui avait conceptualisé la disparition de la fonction de Premier ministre : amusant, non ?
Le grand remaniement avorté, qui a semblé si insignifiant à première vue, comptera plus pour ses effets secondaires que pour les personnalités qu'il a mises en scène. Ce banal jeu de chaises musicales, avec quelques entrants et 16 sortants, n'est qu'une de ces opérations recyclage que la Ve République a collectionnées depuis un demi-siècle. Personne n'imagine que le parachutage d'Alain Juppé à la Défense ou l'accostage de Michèle Alliot-Marie au quai d'Orsay sont de nature à provoquer un électrochoc dans la société française post-crise. En revanche, le bye-bye de Jean-Louis Borloo et la très mauvaise humeur des centristes à l'égard de cette équipe qu'ils jugent « trop RPR » résonnent en écho aux craquements de l'union de la majorité. Les ressentiments et les reproches congelés commencent à être sortis de la chambre froide de l'UMP. Gare aux bactéries de division qui risquent bien de proliférer avant la prochaine présidentielle.
Quant à l'ouverture, RIP (Rest in peace) comme on dit sur Twitter. Qu'elle repose en paix, emportant avec elle la « diversité », Bernard Kouchner, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel ou Rama Yade dans le tourbillon des illusions évanouies. Le président s'est délesté de ces avatars progressistes de 2007. Mais le très ambigu ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale est passé lui aussi à la trappe. Une bonne nouvelle, comme celle de l'arrivée d'un Alsacien, Philippe Richert, à un poste nécessaire où il pourra déployer de vraies compétences. Enfin un peu de logique dans cet épisode fou.


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