TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Internet : surveiller les surveillants


C'est la face sombre de l'Internet, celle que l'on fait souvent semblant d'ignorer et qui se rappelle à nous avec insistance : l'essentiel de l'économie de la Toile repose sur l'espionnage. En termes policés on appelle cela du profilage marketing, histoire de rappeler que les études de profils de consommateurs et la segmentation sont vieilles comme le monde industriel. Mais il en va de l'Internet comme de la Chine moderne : l'échelle change tout.


Point de convergence absolu, la Toile absorbe la connaissance humaine à grande vitesse. Données personnelles, professionnelles, publiques et privées s'accumulent dans les salles climatisées d'immenses usines à ordinateurs perdues dans le « nuage » de l'Internet… mais toujours accessibles aux petits malins. Lors de la dernière campagne électorale américaine, des citoyens lambda ont eu la surprise de recevoir des invitations et propositions précises de candidats connaissant manifestement tout de leurs inclinations politiques et de leurs goûts personnels, voire de leur état de santé. Les sites marchands inondent nos ordinateurs de petits logiciels espions dont la plupart ne sont là que pour épier nos moindres faits et gestes. Ces milliards d'informations sont ensuite compilées dans tous les sens et revendues aux plus offrant sur un marché très actif. Des données tellement sophistiquées qu'elles permettent aux publicitaires de cibler non plus un site, mais l'individu lui-même, suivi tout au long de son parcours. C'est ce qui fait la fortune de Google ou de de Facebook.


Il n'y a que trois moyens de limiter ces abus. L'autorégulation des acteurs a toujours été privilégiée par les Américains, qui ne veulent pas brider l'innovation d'un secteur qu'ils dominent mondialement. Ses limites sont celles de la conscience humaine face à la tentation de la fortune. Deuxième solution, la technologie. Elle existe, se développe et est efficace. Les navigateurs Internet ont fait d'énormes progrès. Mais elle demande une longue appropriation et les moyens de la contourner progressent généralement à la même vitesse. Reste l'Etat qui intervient par la loi, ne serait-ce que pour défendre les plus faibles. C'est ce que fait l'Europe depuis les années 2000 et ce qu'envisage désormais l'administration Obama. La vie en société se réorganise autour du cyberespace. Comme toute société, il est vain d'imaginer qu'elle puisse se passer de lois et de gendarmes.

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