TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Objectif 2012


La surprise, c'est qu'il n'y en a pas. Après quatre mois et demi de sursis démobilisateur et de rivalités usantes, Nicolas Sarkozy a tranché dans une relative précipitation. La promulgation ultrarapide de la réforme des retraites et son retour anticipé de Séoul ont montré qu'il était devenu urgent de décider. Sans réussir à imposer ses premiers choix.

Il confirme François Fillon, devenu son complément inséparable, par raison plus que par passion. Il provoque le départ du populaire Jean-Louis Borloo, affaibli par la crise des carburants, remplacé par sa rivale Nathalie Kosciusko-Morizet. Et il se résout à nommer l'ambitieux Jean-François Copé à la tête de l'UMP.

Un remaniement pour quoi faire ? Pas de nouveau cap dès lors que la politique annoncée est celle de la continuité. Le gouvernement communiquera beaucoup sur les solidarités, la dépendance et la sécurité. En réalité, l'état des comptes ne permet pas d'aller très loin.

Pas grand-chose de différent dès lors que l'on conserve le même Premier ministre, que le budget 2011 est quasiment voté et que la réduction des déficits reste la priorité.

Pas grand-chose d'imprévu dès lors qu'en période présidentielle il ne peut guère y avoir d'écart entre le Président et son Premier ministre. C'est ainsi que le Président préfère avoir ce Premier ministre émancipé avec lui que contre lui. On ne fait pas sans risque un martyr d'un homme plus populaire que vous.

Malgré le retour de deux poids lourds - Alain Juppé, Xavier Bertrand - on reste donc étonné par l'importance accordée à ce remaniement et par l'ampleur de l'onde de choc qu'il est supposé produire dans l'opinion.

L'enjeu du centre

Vue de l'Élysée, l'opération doit surtout servir à mobiliser l'électorat traditionnel de droite que l'hypothèse Borloo divisait. Nicolas Sarkozy accorde, en effet, une grande attention au score du premier tour de la présidentielle et à la capacité de nuisance de Marine Le Pen et de Dominique de Villepin.

D'un point de vue tactique, ce resserrement - moins de centristes, moins de femmes, moins d'ouverture, plus d'UMP - présente un petit avantage et un gros inconvénient.

L'inconvénient : entre une majorité qui se droitise et une Martine Aubry tirée par la manche gauche, s'ouvre, au centre, une vaste zone d'incertitude. C'est là que l'hypothèse Borloo à Matignon prenait tout son sens : tôt ou tard, Nicolas Sarkozy aura besoin d'élargir son socle électoral. L'image sociale et écologique du ministre de l'Environnement semblait parfaite pour refroidir Bayrou, affaiblir Villepin, décourager Morin et enquiquiner la gauche.

C'est dire si Jean-Louis Borloo, amer et libre de parole, va compter. Comme fédérateur des centres fâchés d'être considérés comme la cinquième roue du carrosse majoritaire. Comme compétiteur possible en 2012, au risque d'aider Marine Le Pen à accéder au second tour.

Un avantage : avec ce gouvernement de campagne et un parti en ordre de marche pour 2012, l'UMP prend une longueur d'avance sur le PS, qui risque de rester cacophonique, tant qu'il ne connaîtra pas le vainqueur des primaires, dans un an. Face à un Nicolas Sarkozy même affaibli, le calendrier socialiste paraît de plus en plus intenable.

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