TOUT EST DIT

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vendredi 12 novembre 2010

La concurrence débranchée


Aquelques jours du vote d'une loi censée développer la concurrence sur le marché de l'électricité, Poweo casse l'ambiance. Le Petit Poucet du kilowatt annonce être sur le point de rendre les armes face à EDF et d'abandonner le marché résidentiel. Quand on perd de l'argent sur chaque client, rien ne sert de chercher à se rattraper sur la quantité ! Un peu plus de trois ans après la libéralisation du marché et à la veille d'une nouvelle étape, la conclusion est cruellement claire : la concurrence électrique est un échec.


Que la libéralisation ait fonctionné dans les télécoms et pas dans le courant n'est pourtant guère surprenant. L'émergence de nouvelles technologies comme le mobile ou l'IP ont ouvert des brèches dans lesquelles de nouveaux acteurs du téléphone ont pu s'engouffrer. Difficile dans l'énergie, où l'innovation est limitée, de faire mieux qu'un acteur historique. Surtout si, comme EDF, il a su investir tôt et massivement dans le nucléaire, que ses prix de revient sont bas et qu'il a, en plus, rendu aux ménages et aux entreprises l'essentiel de cette « rente nucléaire » sous forme de prix bien plus bas que dans le reste de l'Europe. Dans la téléphonie, les rivaux de France Télécom faisaient souvent mieux et moins cher. Face à EDF, la mission est quasi impossible. La loi ne pourra pas y changer grand-chose : on ne va pas fragiliser un champion national pour faire plaisir à ses rivaux, ni augmenter brutalement les prix pour permettre à des concurrents moins efficaces de dégager des marges.


Mal partie, la concurrence reste pourtant souhaitable. Dans l'intérêt des consommateurs comme de l'indépendance énergétique de l'Hexagone, il faut qu'EDF soit soumis à une pression concurrentielle et que de nouveaux acteurs susceptibles d'investir dans le développement de nouvelles capacités de production misent sur la France. Aider de nouveaux acteurs au démarrage et favoriser ceux qui s'engagent à investir et à innover (comme GDF Suez dans le nucléaire ou d'autres dans les barrages) est utile. Ce qui le serait moins serait de faire naître demain une concurrence artificielle et administrée. La concurrence, ce doit aussi être moins d'Etat, moins de régulation et plus de marché. Pas plus de prix administrés ou plus de bureaucratie. Car, à long terme, les solutions artificielles agissent souvent comme des drogues dont il devient impossible de décrocher.

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