vendredi 12 novembre 2010
Tous contre les grizzlis
Les candidats du Tea Party ont électrisé la campagne des élections de mi-mandat comme personne n'avait osé le faire depuis longtemps. Vu de France, où, mis à part les dérapages récurrents de Jean-Marie Le Pen, les débats politiques sont assez conventionnels, les slogans des ultras républicains sont apparus extravagants. Les plus outranciers sont venus de ces « mama grizzlies », selon l'expression colorée de Sarah Palin, qui, bébés dans les bras, cherchaient à montrer qu'elles défendent les braves gens comme une femelle grizzly protège ses petits. Le bilan de leur action est mitigé.
A leur actif, il est incontestable que leur violence oratoire non dépourvue de sous-entendus racistes, traitant Obama de communiste ou de musulman, le soupçonnant de ne pas être américain, a globalement mobilisé le camp républicain. Réveillé par cette agressivité, ce camp est davantage allé voter que le camp démocrate. Mais, à leur passif, elles ont, par leurs excès, effrayé une partie de l'électorat républicain modéré. D'où la défaite de leurs deux candidates les plus symboliques dans le Nevada et le Delaware, à quoi il faut ajouter l'échec en Alaska du protégé de Sarah Palin, battu non par un démocrate mais par une républicaine modérée dissidente.
Chacun regarde désormais vers la présidentielle de 2012, sachant que, selon la tradition, elle se jouera au centre, bien davantage que des élections de « midterm », où l'on se défoule quelque peu. Au vu des résultats de mardi, Obama pourra brandir comme un épouvantail les excès des candidats du Tea Party. Mais on peut parier que la direction du Parti républicain fera de même, car rien ne serait plus dangereux pour lui qu'une influence trop forte des « mama grizzlies ». Dès la proclamation des résultats, le nouveau leader de la majorité républicaine, John Boenher, ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Il a prononcé un discours du plus grand classicisme conservateur, soulignant la victoire du bon sens populaire sur les politiciens de Washington. La bataille qui s'annonce contre le président Obama se déroulera d'abord à l'intérieur du camp républicain.
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