TOUT EST DIT

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vendredi 12 novembre 2010

Des Champs-Élysées à Séoul

En histoire, les coïncidences de calendrier, accidentelles, forcément accidentelles, sont rarement neutres, même quand elles le voudraient. Bien obligés de composer avec elles, les acteurs de l'actualité leur donnent souvent un sens inattendu. Ainsi, dans la même journée d'hier, la France a commémoré l'Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale et pris la présidence d'un G 20 qui doit tenter de conjurer les risques d'un conflit monétaire planétaire. Un grand écart dans le temps et dans l'espace qui invite notre pays à porter un regard original sur son époque, et celle, future, qu'il doit préparer.
Une puissance moyenne comme la notre a-t-elle encore les moyens de peser par son style sinon par son influence géopolitique sur les grands équilibres du présent ? Le président de la République rêverait - on peut le comprendre - d'être l'homme qui, par sa seule énergie, parviendrait à faire émerger un consensus multipolaire sur des règles du jeu aussi nobles que communes. Il est à craindre, hélas, qu'une vision aussi romantique, voire romanesque, ne soit que mirage, immédiatement dissipée par l'âpre réalité d'une rivalité économique, désormais frontale, entre les États-Unis et la Chine. Tout dépendra, on le sent bien, de l'évolution du rapport de forces entre ces deux puissances dominantes qui peuvent réduire le G 20 à quoi Jacques Attali prédit qu'il sera réduit : un G « vain ».
D'une certaine façon, le général de Gaulle est arrivé lui aussi - encore une coïncidence - dans le nouvel A 330 présidentiel du chef de l'État. Son esprit en tout cas. La France reste persuadée, en effet - et elle a raison - qu'elle a à endosser une vocation universaliste, à porter une certaine idée de l'humanité au delà de ses frontières, et à donner aux grands des leçons durables, comme elle le fit avec le discours de Phnom-Penh en 1966, après avoir reconnu la Chine populaire deux ans plus tôt.
Vue de Paris, une telle certitude est toujours émouvante, et fédératrice. Le problème, c'est qu'elle ne résiste plus guère aux fuseaux horaires. Sûre d'elle-même et fière de son modèle, notre nation compte parmi les moins ouvertes, intellectuellement du moins, à une mondialisation perçue comme une menace. Notre narcissicisme nous encombre, et nous tire en arrière, vers le passé au moment où il faudrait nous projeter vers le monde tel qu'il est. Ce serait pourtant la stratégie la plus dynamique pour défendre dans une ère nouvelle, à la fois nos valeurs et notre mode de vie.


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