Haut la main. Ces derniers jours, les banques françaises ont passé sans problème le test des résultats trimestriels. Leurs performances sont bien supérieures à celles de la plupart de leurs concurrentes européennes. BNP Paribas est en piste pour ravir à l'espagnol Santander le titre d'établissement le plus profitable de la zone euro en 2010, Natixis confirme son redressement, tandis que Crédit Agricole et Société Générale semblent avoir retrouvé le chemin d'une croissance rentable. Une situation qui contraste avec le reste du paysage bancaire européen.
En d'autres temps, de telles performances auraient suffi à doper leurs cours de Bourse. Cette fois-ci, il y a fort à parier qu'il n'en sera rien. Pour une raison simple, les investisseurs ont la tête ailleurs. À Bâle, précisément. Du coup, ils se préoccupent moins de la rentabilité des banques que de leur solvabilité, de leur capacité à encaisser des chocs futurs. En clair, ils font aujourd'hui le tri entre celles qu'ils estiment en mesure de se conformer par leurs propres moyens aux nouvelles exigences de fonds propres imposées à l'horizon 2013 et celles, beaucoup moins attractives, qui devront faire appel au marché pour y parvenir. Or, en dépit des garanties, plus ou moins détaillées, données par les établissements français sur le sujet, le doute subsiste chez les investisseurs. La faute à certains traits de leur « business model » (poids de la banque de financement et d'investissement, de l'assurance…), qui alourdissent leur bilan et augmentent l'épaisseur du matelas de capital nécessaire. La faute surtout au fait que l'objectif de fonds propres visé par BNP Paribas et consorts est a minima, quand celui des banques britanniques ou suisses est largement supérieur au niveau plancher. Un manque d'ambition qui fait tache. D'autant que les régulateurs étudient toujours la possibilité de renforcer leurs exigences prudentielles pour les banques systémiques, celles dont la faillite pourrait mettre en danger l'économie mondiale. Une catégorie à laquelle appartiennent certains de nos établissements.
Résultat, les banques françaises pâtissent d'une sorte de suspicion légitime alimentée par le précédent de l'automne 2008. Quand elles assuraient ne pas avoir besoin de fonds propres supplémentaires pour traverser la crise avant de se bousculer, sous la pression des marchés, au guichet de l'Etat.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire