ORGANISER LE "VIVRE-ENSEMBLE"
"Il y a des gens qui ont besoin de la nuit pour dormir, d'autres qui veulent utiliser la nuit pour faire la fête, tandis que des gens travaillent tout simplement la nuit. Il ne s'agit pas d'opposer les légitimités les unes aux autres. Il s'agit d'organiser le 'vivre-ensemble' de ces différentes nuits", explique Mao Peninou, adjoint au maire de Paris, chargé du bureau des temps, et maître d'œuvre de ces premiers états généraux des nuits parisiennes.
A Paris, plus de 45 % des Parisiens travaillent encore après 20 heures. 25 % d'entre eux travaillent toute la nuit, sans compter la clientèle des entreprises de nuit (théâtres, cinémas, bars, restaurants, discothèques...). La capitale compte environ 200 night-clubs et 850 établissements ouverts après 2 heures du matin. "Sur les cinquante dernières années, c'est une augmentation assez forte", reconnaît Mao Peninou, qui met aussi en avant les transformations liées aux mesures contre la voiture (trottoirs élargis, rues rendues aux piétons, aménagements de places, de berges, etc.). "Ça a des conséquences positives sur la vie de quartier mais négatives en termes de nuisances", note-t-il.
De Bastille à Oberkampf, des Champs-Elysées à Saint-Germain-des-Prés, de Pigalle à la Butte-aux-Cailles, la crispation se fait sentir dès la nuit tombée. Bars, clubs et restaurants vivent au rythme des plaintes déposées par les riverains excédés par le bruit de clients jetés sur le trottoir par l'interdiction de fumer dans les lieux publics, effective depuis janvier 2008. La préfecture note toutefois une baisse des infractions pour tapage nocturne dans les débits de boisson, dont le nombre est passé de 122 sur les huit premiers mois de 2008 à 115 sur la même période en 2009 et 95 en 2010.
DAVANTAGE D'ISOLATION PHONIQUE
Le réseau Vivre Paris, qui entend veiller au respect de la tranquillité des Parisiens, participera au débat. Selon ce regroupement d'associations, la qualité de vie des habitants de Paris ne doit être pas "sacrifiée au profit d'intérêts qui ne sont pas forcément d'utilité publique". L'opposition municipale s'est déclarée favorable à un accompagnement financier de la Ville de Paris en faveur des propriétaires d'établissement dans la mise en œuvre des travaux d'isolation phonique de leurs locaux. Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris, suggère également que "la Ville de Paris se dote d'espaces dévolus aux activités culturelles et festives nocturnes au sein de zones inhabitées". Il reste évidemment à trouver des zones inhabitées au sein de la capitale.
La mairie suggère pour sa part l'ouverture tardive d'un certain nombre de lieux publics : parcs, jardins, lieux d'expositions culturelles pourraient, sur le modèle de la Nuit blanche organisée chaque année, animer régulièrement les nuits parisiennes. "Certains lieux éphémères, lorsqu'ils sont en période d'inactivité, pourraient être provisoirement investis, imagine Mao Peninou. Ensuite, hors de la capitale, dans le cadre de Paris-métropole, nous encouragerons l'implantation de nouveaux lieux de fête." L'activité nocture crée "du lien social", rappelle l'adjoint au maire : "Un bar de nuit qui s'ouvre dans un quartier périphérique, c'est de la vie et de la sécurité pour les riverains."
L'exécutif parisien planche également sur la création de commissions de conciliation par arrondissement "de manière à avoir une sorte d'expertise permettant de rendre les choses plus objectives en cas de plainte", poursuit Mao Peninou. Comme cela se fait déjà à Barcelone, en Espagne, des mimes pourraient faire leur apparition à la place des policiers pour inciter les fêtards à baisser le ton. "Une manière de faire de la médiation sans doute plus adaptée à des gens qui sont en train de faire la fête", conclut-il.
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