TOUT EST DIT

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vendredi 15 octobre 2010

Psycho zéro

En psycho, option ados, ce gouvernement aurait zéro. A les entendre, on se demande parfois si les ministres, a priori bons parents, ont des enfants. Il fallait vraiment qu'ils planent en plein DST d'économie sociale sur les retraites pour être à ce point hors sujet en soupçonnant les jeunes d'être instrumentalisés par la gauche, ou susceptibles de l'être.
Oh bien sûr, les représentants des lycéens et des étudiants qui ont parlé aux micros et aux caméras ont bien copié, volontairement ou non, des... éléments de langage déjà vus et entendus autre part. Des formules dignes de concurrencer en conformisme sans imagination celui des argumentaires des jeunes populaires... Mais réduire le mouvement de protestation de la jeunesse à ces caricatures, c'est un faux ami politique. Une erreur d'interprétation qui peut coûter très cher à ses auteurs. La condescendance avec laquelle les responsables de la majorité ont tenté de déconsidérer la maturité des protestataires pour mieux les moucher a eu pour seul effet d'être ressenti comme un manque de respect. Une tentative d'infantilisation qui, bien évidemment, a stimulé un sentiment de révolte jusque-là bien caché.
Les politiques n'ont pas à appeler les jeunes à descendre dans la rue -c'est une démagogie minable- mais les jeunes n'ont pas attendu que les politiques les y invitent pour le faire. Cette « nouveauté » -pour reprendre l'expression malheureuse des JT- ne devrait surprendre personne. Dans un pays où depuis plus de 30 ans, l'emploi des jeunes a été systématiquement sacrifié aux égoïsmes conjugués de la société (pour eux le CDI est devenu un luxe inaccessible), c'est presque un miracle qu'une révolte étudiante n'aie pas éclaté plus tôt.
Les différents gouvernements de droite et de gauche qui ont accepté le scandale que constitue le taux de chômage des moins de 25 ans -le plus élevé des grands pays d'Europe !- n'ont pas voulu prendre en compte l'anxiété grandissante des ados, que tous les parents peuvent mesurer quotidiennement aujourd'hui. Profitant d'une apparente docilité, ils n'ont pas voulu entendre qu'à leurs oreilles, « l'avenir » est devenu un mot abstrait, vide de sens. Et d'une certaine façon, élitiste.
L'ironie de l'histoire, c'est que le système qui a tant voulu formater les jeunes et les soumettre à une sélection permanente, leur a aussi appris à calculer. A être précautionneux, prudents, prévoyants. A additionner 17 + 50. Ils n'ont pas besoin d'être en S pour comprendre intuitivement que l'équation de leur futur, telle qu'elle est posée aujourd'hui, a peu de chances d'être résolue de façon positive. Que l'inconnue ne sera pas une donnée romantique. En niant leur étincelle dans le noir de la fatalité, le pouvoir leur a peut-être donné envie de craquer l'allumette.


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