vendredi 15 octobre 2010
Les muscles du Hezbollah
Mahmoud Ahmadinejad s’est offert une nouvelle tribune pour peaufiner son image d’ennemi irréductible d’Israël. Jeudi, c’est à quatre kilomètres de l’État hébreu, dans le sud du Liban, que le président iranien a renouvelé ses diatribes antisionistes. Depuis 2005, il s’est ainsi acquis une solide popularité au Moyen-Orient, auprès de populations exaspérées par l’impasse du conflit israélo-palestinien. Alors que sa réélection a été farouchement contestée l’an dernier à Téhéran, ce voyage devrait en outre lui permettre de renforcer sa position dans la République islamique.
Reçu – logiquement – comme un chef d’État, Mahmoud Ahmadinejad savait pouvoir compter sur un appui solide : chiite et pro-iranien, le Hezbollah lui a fourni la claque. Mouvement politique, militaire et social, cette formation sait convaincre ses fidèles et ses obligés de manifester l’enthousiasme de rigueur. Les dizaines de milliers de manifestants qui l’ont fêté ne doivent pas faire oublier tous les autres, qui ont fait le dos rond ou éteint leur téléviseur durant son passage.
Le Liban est ainsi régulièrement confronté à ses divisions, à sa pluralité. Aucune communauté, aucune religion n’y est majoritaire, une situation que tentent régulièrement d’exploiter les puissances régionales. L’État y est souvent trop faible pour jouer un rôle d’arbitre et il doit naviguer entre des intérêts puissamment contradictoires. Le Hezbollah est aujourd’hui le seul mouvement doté d’armes lourdes capables de rivaliser avec celles de l’armée. En se drapant dans la « résistance » à Israël, alors que le contentieux territorial entre ce pays et le Liban est aujourd’hui infime, il oblige la classe politique et l’opinion à le soutenir et s’arroge ainsi une influence qui dépasse les clivages confessionnels.
En venant au Liban, Mahmoud Ahmadinejad a manifesté son soutien à cet allié indispensable, dont certains hauts responsables pourraient être bientôt poursuivis par le tribunal spécial chargé de juger, notamment, les assassins de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, tué en 2005. Le Hezbollah a besoin d’impressionner ses adversaires. La justice internationale ne doit pas s’en laisser conter.
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