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vendredi 15 octobre 2010

"Hitler et les Allemands": première exposition sur une alchimie funeste

Un musée berlinois accueille, à partir de vendredi, la première exposition en Allemagne qui tente d'expliquer comment un peuple déboussolé a vu en Adolf Hitler son "sauveur", le suivant dans la guerre et la destruction.
"C'est un miracle de notre temps que vous m'ayez trouvé (...) parmi tous ces millions (de gens)! Et que je vous ai trouvés, c'est la chance de l'Allemagne!", a déclaré Hitler dans un discours en 1936 à Nuremberg, cité dans le catalogue de l'exposition "Hitler et les Allemands".
65 ans après la deuxième Guerre mondiale, cette exposition qui se tient jusqu'au 6 février à l'annexe du Musée d'histoire allemande construite par l'architecte américain Ieoh Ming Pei, étudie les mécanismes qui ont entretenu la fascination jusqu'à l'aveuglement du peuple pour son Führer.
Ce "qu'il faut expliquer, c'est comment l'insignifiant Adolf Hitler, cet homme qui a vécu 30 ans dans l'anonymat, n'a pas fait d'études, n'a aucune expérience politique, a pu être ce sauveur", explique l'historien Hans-Ulrich Thamer, conservateur de l'exposition.


Parler d'Hitler, hors d'un cadre strictement académique, reste très délicat en Allemagne. "Le Musée d'histoire allemande voulait faire cette exposition depuis 2003, environ", révèle ainsi M. Thamer.
Un première projet d'exposition sur la personnalité et le parcours d'Hitler avait buté sur l'opposition unanime du comité scientifique du Musée, qui craignait d'entretenir une sorte de fascination morbide pour le "Mal".
Mais il y a trois ans, le Musée est revenu à la charge, chargeant l'historien de travailler sur le thème très général "Hitler et le national-socialisme".
"Je pouvais arranger (ce thème) à ma convenance. J'ai essayé de rassembler ici ce qui occupe actuellement la recherche historique", explique Hans-Ulrich Thamer.
"Nous voulons expliquer l'ascension, le mode opératoire, l'exercice du pouvoir jusqu'à la chute et l'incroyable potentiel de destruction libéré par le national-socialisme", explique-t-il.
"Pas en partant de la personnalité d'Hitler, qui serait une sorte de démon malfaisant qui aurait corrompu des millions de personnes" mais en contraire en présentant "les mécanismes d'adhésion, de mobilisation des masses, mais aussi d'exclusion, qui tissent la relation entre le Führer et la population", soudée dans le concept nazi de "communauté d'un peuple" (Volksgemeinschaft), poursuit-il.
Ce projet d'une société homogène, fournissant sécurité et emploi, s'adressait aux couches sociales frappées par la crise économique de la fin des années 1920, et justifiait les persécutions. Les plus fervents admirateurs de Hitler "n'étaient pas vraiment des gens qui avaient réussi", dit-il.
Ainsi, "des photos montrent que la persécution des opposants politiques, des juifs, la déportation des juifs se passaient au vu et au su de tout le monde". La "communauté du peuple" se constituait autant par l'exclusion des opposants et des ennemis que par l'adhésion à des comportements.
L'exposition met face-à-face les documents sur l'holocauste et les produits de la propagande nazie qui s'infiltrait dans tous les aspects de la vie.
On découvre ainsi une affiche qui explique comment faire correctement le salut hitlérien, un jeu de carte aux effigies des dirigeants nazis, une tapisserie aux motifs nazis qui décorait une église.
Un cahier d'exercice, qui peut être feuilleté électroniquement, montre comment Hitler a modifié le curriculum pour que les écoles produisent de bons petits nazis.

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