TOUT EST DIT

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mercredi 20 octobre 2010

L'urgence d'en sortir




Il y a des semaines qui comptent double, voire triple. Celle-ci particulièrement. Pour le pouvoir, pour l'opposition, pour le pays, il est urgent de dissiper le climat de tension qui entoure les retraites.


Pour le pays : alors que le nombre de manifestants stagne, malgré l'afflux de lycéens, et que le taux de grévistes régresse, le mouvement s'accompagne de violences et d'actions paralysantes dans le secteur des carburants. Discréditer les manifestations ou produire le maximum de gêne avec le minimum de monde : cet usage immodéré de l'action sociale trouve vite ses limites.


Dès lors qu'il risque d'empêcher les salariés d'aller au travail, les transporteurs de livrer ou les entreprises de produire, le blocage recherché par quelques minorités, peu menacées de retraite à 67 ans, est évidemment condamnable.


Outre qu'elle fragilise une économie déjà mal en point, cette méthode ternit l'image et la crédibilité réformatrice de la France. Le gouvernement ne peut évidemment pas laisser faire : céder, alors qu'il faut encore redresser la Sécu et financer la dépendance, tuerait tout espoir de redresser les comptes du pays qui le paierait cash à travers le coût de ses emprunts.


Pour le pouvoir : il est trop tôt, à une semaine du vote définitif de la réforme, pour dire si la fermeté entraînera un reflux résigné de la contestation ou, au contraire, un coûteux regain de tension. En ayant accéléré le vote de la loi pour devancer les manifestations, le gouvernement s'était interdit de bouger, pariant que la fatigue financière des grévistes, les fissures syndicales et l'approche des vacances joueraient en sa faveur.


Mais l'humiliation n'est jamais une conclusion prometteuse. On ne peut pas rêver d'interlocuteurs sociaux forts et les obliger, alors qu'ils ont fait preuve de responsabilité, à replier leurs banderoles sans la moindre concession. On aurait, par exemple, imaginé un lissage du passage de 65 ans à 67 ans comme butée pour une retraite à taux plein.


Cette absence de tout nouveau compromis augure mal de la qualité future du dialogue social et pourrait imprimer dans les mémoires, à seize mois des élections, l'image d'un pouvoir ferme pour la droite, fermé pour la gauche.


Pour l'opposition : l'engagement du PS sur des positions dures risque d'être compliqué à assumer le jour où il arriverait au pouvoir. Promettre un retour de l'âge légal à 60 ans, c'est prendre le risque de décevoir ceux qui n'auraient pas compris que cette possibilité concernerait peu de monde ou s'accompagnerait de conditions financières pénalisantes.


Pour les syndicats, la radicalisation de l'action risquerait de refroidir une opinion acquise au mouvement. Ce qui ne serait pas, pour autant, une victoire pour la majorité, occupée à gérer les conséquences de la crise à défaut d'en avoir éliminé les causes.


Devant des jeunes anxieux pour leur avenir, devant des Français qui craignent de devenir pauvres ¯ plus d'un tiers selon une enquête du Pèlerin ¯ on voit bien, au-delà de ce conflit, quelle devra être la tâche du gouvernement remanié : qu'il s'agisse de retraites, d'impôts ou de santé, l'opinion, même celle qui ne manifeste pas, attend un message de justice.

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