TOUT EST DIT

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mercredi 20 octobre 2010

Les mots pour le dire

Deux figures rhétoriques minent le discours politicien : l’hyperbole et la litote. La première exagère, la seconde minore. L’une et l’autre témoignent d’une vaine tentative de brouiller la réalité.

Que reste-t-il, par exemple, des outrances langagières de Viviane Reding ? En septembre, elle voulait poursuivre la France pour “discrimination”. Rien de moins. L’expulsion des Roms par Nicolas Sarkozy lui rappelait les pires heures “de la Deuxième Guerre mondiale”. Notre pays, gagné par un pétainisme rampant, méritait d’être cloué au pilori. Voici pourtant la commissaire luxembourgeoise qui baisse brutalement le ton. Après examen, Roissy n’est pas Drancy et “reconduite à la frontière” ne vaut pas “déportation”.

Paris a fourni toutes les garanties, on classe l’affaire, il n’y a pas là de quoi fouetter un chat. Le flot d’anathèmes jadis proférés se réduit à un petit filet d’eau tiède. François Fillon, bien que peu porté sur le calembour, joue aussi avec les mots. Il a annoncé, hier, un plan d’acheminement du carburant “pour que la situation redevienne normale dans quatre, cinq jours”. La veille encore, catégorique, le Premier ministre réfutait le vocable de “pénurie”. Et alors ? Il persiste : “On ne peut pas parler de pénurie, mais de difficulté d’approvisionnement aux pompes.” Ça change tout, évidemment, sauf pour l’automobiliste en panne sèche.

“Gouverner, c’est rectifier les noms” disait déjà Confucius.

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