mercredi 20 octobre 2010
Tous perdants
Les syndicats continuent à rassembler à un haut niveau. Le gouvernement réaffirme son intention de ne rien céder sur le fond. Hier, au terme de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le paysage social français semblait figé. Une note inquiétante est pourtant venue s’ajouter à la partition connue de ces défilés : une montée sensible de l’exaspération. Elle était lisible à la fois dans les déclarations des organisateurs de manifestations et dans la fermeté exprimée dès dimanche soir par le premier ministre pour empêcher les paralysies annoncées.
Quelle peut être alors l’issue au moment où les mouvements de lycéens et d’étudiants, le blocage de certaines raffineries et de dépôts de carburant, voire l’entrée en lice des routiers ajoutent encore à la confusion ? À vrai dire, il n’y a plus grand-chose à lâcher sur la réforme elle-même après les gestes déjà faits sur la pénibilité, les carrières longues ou pour les mères de famille. Toute nouvelle concession sur le texte serait interprétée comme un renoncement. Elle serait le signe d’une faiblesse politique, impossible à assumer.
Reste donc, du point de vue du gouvernement, à jouer la montre. Le scénario a déjà été écrit avec, dans l’ordre, l’arrivée des vacances de la Toussaint, l’adoption rapide de la réforme par le Parlement et l’espoir que le soutien largement manifeste par l’opinion à la contestation fléchisse. Ce pari qui comporte une part de risque n’est pas si absurde : l’unité syndicale est lézardée, les syndicats réformistes n’envisagent pas de grand soir et l’opinion, versatile, pourrait donc changer très vite d’avis si le climat venait encore à s’alourdir.
À un niveau rarement atteint chez nos voisins européens pourtant confrontés aux mêmes défis, la France continue ainsi à vivre un nouveau psychodrame autour des changements nécessaires. Il n’y aura bien entendu que des perdants. Certes, cette nouvelle adaptation du régime des retraites va sans doute s’appliquer. Mais ce sera sans véritable adhésion. Les prochaines discussions sociales s’ouvriront dans les pires conditions puisque les partenaires sociaux auront le sentiment d’avoir été méprisés. Une preuve de plus que la réforme ne se décrète pas. Mais qu’elle a besoin d’être sérieusement préparée.
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