TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 20 octobre 2010

Cassez-vous, les casseurs !

Cassez-vous les casseurs ! Évidemment, comme ça, en gras, le titre peut paraître un peu trivial... Mais, après tout, l'emploi sanguin du verbe a été validé par une parole présidentielle en roue libre dans une allée du salon de l'agriculture. Peu importe les références : il résume bien, en ces circonstances agitées, le sentiment général.
Car nous y sommes. La violence brute, le saccage gratuit, l'ivresse destructrice. Des images de chaos qui font le tour du monde... Les Strasbourgeois de Port du Rhin, meurtris par les ravages urbains collatéraux du sommet de l'Otan, sont bien placés pour comprendre le sentiment d'écœurement, d'incompréhension et de colère qu'on peut éprouver devant un tel spectacle. Une réprobation consensuelle réunit depuis hier ministres, syndicalistes, lycéens et journalistes. Voilà au moins un point d'accord entre générations et entre acteurs conflictuels de la crise sociale.
Ce serait faire insulte à la jeunesse que de chercher une quelconque justification, fut-ce intellectuelle, à des actes vides de sens. Ce serait aussi faire œuvre de malveillance que de les utiliser pour caricaturer la mobilisation et l'engagement des lycéens dans le mouvement de contestation contre la réforme des retraites. L'immense majorité des quelque 130 000 jeunes qui ont défilé pacifiquement dans les rues des grandes villes de France n'ont, bien entendu, rien de commun, sinon leur âge - et encore ! - avec les sauvageons cagoulés qui, confisquant leur cause et avançant masqués, fracassent pour fracasser.
La brutalité sauvage de ces ravageurs dont certains n'ont pas 15 ans, avec parfois même - mais oui - des gueules d'ange, fait froid dans le dos autant qu'elle interroge. Comment ces gamins - qui ne sont pas tous des voyous - en sont-ils arrivés là ? Qu'est ce qui a pu faire sauter toutes les sécurités de leur propre conscience d'ados pour qu'ils laissent déferler d'eux-mêmes une telle haine ? Cette impression de danger souterrain, menace latente qui remonte inévitablement à la surface à chaque épisode de tension sociale, rappelle que la France n'a rien réglé depuis les émeutes des banlieues de 2005 et les échauffourées de la place des Invalides.
Ces dérapages inévitables, mais qui restent marginaux, sont le produit d'une tension extrême que le gouvernement Fillon n'a pas cherché à désamorcer. Il a intérêt, au moins le croit-il, à laisser dériver une forme de jusqu'au-boutisme radical qui peut décrédibiliser la contestation sociale toute entière. C'est une stratégie prévisible qui mise à la fois sur l'émotion et le rapport de force. Un jeu très risqué quand on a une main faible et plus beaucoup d'atouts dans sa manche.


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