TOUT EST DIT

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mercredi 20 octobre 2010

Social : deux scénarios, une sortie

Au lendemain de la sixième journée de manifestations depuis la rentrée, qui a été émaillée de nombreux débordements, plusieurs constats peuvent être faits. Le premier concerne la mobilisation : le nombre de personnes défilant dans les rues ne progresse pas, mais il est toujours élevé (autour de 1 million), tandis que le nombre de grévistes baisse. Le deuxième porte sur les modes d'action : qu'il s'agisse d'une stratégie syndicale décidée en haut lieu ou pas, la coupure du robinet d'essence a remplacé la panne des transports comme levier d'action privilégié par les plus activistes. Le troisième et dernier constat est plus politique : face à un mouvement de plus en plus incontrôlé -les télévisions guettaient hier soir les casseurs place des Invalides, à Paris… -, Nicolas Sarkozy réaffirme jour après jour qu'il ne reculera pas d'un iota. Il l'a redit à Deauville sur un ton grave et calme, qui correspond mieux à la crise que les déclarations de certains ministres expliquant contre toute évidence jusqu'à lundi qu'il n'y avait aucun problème de carburant.

A partir de là, deux scénarios sont possibles. Le premier est le plus simple. Les décisions prises par Matignon pour alimenter les stations-service produisent rapidement leurs effets, les Français peuvent partir en vacances, le texte est voté au Sénat d'ici à vendredi et les syndicats, divisés, ne programment pas de prochaine journée de mobilisation avant la mi-novembre -prenant acte que le Parlement a le dernier mot. Les socialistes, pour ne pas se déchirer, cherchent eux aussi une porte de sortie. Nicolas Sarkozy pousse alors un ouf de soulagement : il l'a emporté.

L'autre scénario est plus inquiétant. Les blocages des raffineries et à la SNCF se poursuivent, les jeunes restent très actifs et les bandes organisées continuent d'offrir un spectacle catastrophique. Et l'opinion, qui soutient la poursuite des mobilisations y compris après le vote du Parlement -comme le révèle notre enquête -, en rend responsable le pouvoir. Poussés par leur base, soutenus par les sondages, les syndicats maintiennent alors leur bras de fer. En cherchant à ajouter la réforme Sarkozy des retraites à la longue liste des défaites de la droite (le CIP de Balladur en 1994, la réforme Juppé en 1995, le CPE de Villepin en 2006).

Ce second scénario n'est ni souhaitable ni le plus probable. Et, de toute façon, même s'il n'est pas tout à fait exclu qu'il puisse se produire, il ne s'agit pas de revoir le projet de loi : c'est dès aujourd'hui qu'une retraite sur dix n'est pas financée, ce dont ne tiennent pas compte les projets alternatifs. Il suffit par ailleurs de regarder ce qui se passe en Europe sur les finances publiques pour constater que le gouvernement n'a pas eu la main si lourde qu'on le dit. Les syndicats doivent dès lors se résoudre à ce que cette bataille soit tranchée par les urnes en 2012. Nicolas Sarkozy aurait intérêt à leur offrir sans tarder non pas une porte de sortie mais des signes tangibles que celle du dialogue social reste grande ouverte.

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