Pragmatisme et économie sont au menu du 25e sommet Afrique-France, le premier de Nicolas Sarkozy. Telle est, au moins, l’ambition affichée, dans l’espoir de renouveler les liens traditionnellement compliqués de la France avec le continent africain (illustrés par la réception désastreuse du discours du président de la République, à Dakar, il y a trois ans), 50 ans après les indépendances des anciennes colonies et après des décennies de relations ambivalentes d’amour-haine et de dépendance-émancipation. Il sera donc beaucoup question d’affaires et de contrats à Nice ; et d’une attention plus grande envers la partie non francophone du continent, notamment l’Afrique du Sud et le Nigeria. De nombreux pays émergents s’intéressent aujourd’hui à l’Afrique, à ses richesses naturelles, ses minerais, son pétrole, ses terres, et ses habitants, fabuleux marché de consommateurs potentiels : il s’agit de ne pas leur laisser le champ libre.
Mais le réalisme et le détachement revendiqués ne sauront faire oublier la politique. La présence du président algérien Abdelaziz Bouteflika devrait être jugée comme un signe de détente. Et appréciée la décision du Conseil constitutionnel d’exiger enfin l’équité dans l’octroi des pensions aux anciens combattants « indigènes ». Comme sont scrutés les petits pas judiciaires concernant des Rwandais, réfugiés en France, poursuivis pour génocide… Le président Sarkozy devrait également souligner son action diplomatique en faveur d’une place plus juste de l’Afrique dans les instances internationales, afin qu’elle puisse peser sur son propre destin et agir lors des crises régionales, sans devoir faire appel aux « gendarmes » venus d’ailleurs.
Un apaisement et une plus grande transparence de la relation franco-africaine sont éminemment souhaitables. Sans renoncer à une proximité et à une responsabilité réciproques, nées de l’histoire et de la présence sur le territoire national de nombreux Français ou immigrés aux racines plongées dans le continent africain. Pour ne pas abandonner l’Afrique à des appétits qui aideront peut-être à sa croissance, mais pas forcément au développement de tous ses habitants.
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