TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 31 mai 2010

Crise de l'euro : une monnaie ne se fait jamais en un jour

a crise de l'euro – la monnaie unique valait 1,2285 dollar à l'ouverture des marchés lundi 31 mai, après l'annonce de la dégradation de la note de l'Espagne par l'agence Fitch –, confirme-t-elle que la zone euro n'est pas une "zone monétaire optimale", comme l'affirme, dans Le Monde Economie du 1er juin, Michel Aglietta, professeur d'économie à Paris-X Nanterre ?
Pour ce dernier, la crise "n'a tout simplement pas été envisagée. Et lorsqu'elle est survenue, l'insuffisance de la structure institutionnelle a laissé les intérêts divergents des Etats jouer à plein. Maintenant, il faut redémarrer la construction européenne là où on l'avait laissée avant Maastricht !" Et de poursuivre qu'il "faut donc une structure politique souveraine représentant un intérêt commun, capable de remodeler l'économie réelle", comme l'histoire devrait nous l'avoir déjà enseigné.

La crise actuelle de l'euro rappelle en effet que la construction d'une zone monétaire – nationale ou internationale – relève d'un processus long, fragile et réversible. Les agents économiques d'un territoire délimité s'accordent sur l'utilisation d'une monnaie d'un commun accord – voir les Etats nord-américains et l'utilisation du dollar ou des Etats allemands autour du mark entre 1871 et 1876 – ou sous la contrainte, dans le cadre de conquêtes – l'argent d'Athènes ou l'or d'Alexandre.

Le moteur essentiel de la réussite – comme de l'échec – de telles constructions demeure paradoxalement un principe politique et non économique, affirment Marc Flandreau, historien des monnaies et professeur à l'Institut des hautes études internationales à Genève, et André Orléan, économiste et directeur d'études à l'EHESS à Paris.

AFFIRMATION DU POUVOIR

Georges Depeyrot, chercheur au CNRS (laboratoire d'archéologie de l'Ecole normale supérieure) et porteur du projet COST sur l'unification monétaire européenne, relie la crise de l'euro aux phénomènes de refus de monnaie dominante rencontrés par le passé dans certains pays sur des bases nationalistes : "Changer d'identification, dit-il, c'est très fort." Et d'ajouter que les institutions européennes se sont sans doute montrées optimistes…

Outre son expansion récente, l'usage de la monnaie est d'abord lié à l'affirmation du pouvoir du souverain sur le territoire qu'il contrôle comme le rappelle Jacques-Marie Vaslin, (IAE d'Amiens) : "L'unification monétaire s'est pratiquement toujours faite dans la violence. Athènes imposait un tribut en monnaie à des cités conquises qui n'en avaient pas et étaient contraintes d'en passer par la monnaie athénienne. En France, l'absolutisme interdit toute frappe qui échappe à l'Etat."

Une monnaie est souvent imposée par la violence, du jour au lendemain, alors que sa valeur ne peut s'installer que dans la confiance, qui elle-même ne s'instaure que lentement.En France, au fil des siècles, le renforcement du pouvoir royal aidant, l'unification monétaire progressera jusqu'à l'adoption du franc or de 1803 (dit Germinal) par le consul Bonaparte. Ce franc germinal vivra un siècle ; la guerre de 1914-1918 l'a achevé.

Les crises qui affectent, au XVIIIe siècle, les banques privées émettant du papier monnaie favorisent l'éclosion des banques centrales, dès 1694 en Grande-Bretagne, sous Louis-Philippe en France. Dans la période moderne, au XXe siècle, les crises monétaires engendrent des "séditions" (impressions de monnaies locales, remplacement de monnaies).

0 commentaires: