TOUT EST DIT

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lundi 31 mai 2010

Salade de tartuferies

L'antisarkozysme primaire est un poison. Et le plus triste, c'est qu'il a pour effet de produire d'autres venins du même genre qui paralysent le débat. On dirait bien que tribunes, estrades et plateaux sont contagieux. Manifestement, la scène politique française peine à trouver un antidote contre les accès de crétinisme verbal, ce mal récurrent qui transforme des personnalités cultivées et sensibles en potaches au petit pied, même pas drôles.
L'épisode de ce week-end est à marquer d'une pierre blanche dans la catégorie des inoubliables dont on pourrait ne pas parler tant ils sont nuls. Nuls, mais pas anodins. Quand, samedi, la première secrétaire du PS compare le président de la République à Bernard Madoff, l'escroc de Wall Street, le discours touche tellement le fond qu'il nécessite un grand coup de pied pour tenter de remonter à la surface. Mais dimanche, Martine Aubry a plutôt aggravé son cas en essayant laborieusement de faire croire qu'elle n'avait pas vraiment dit ce qu'elle avait dit... sans convaincre, évidemment. C'est bien simple, c'était aussi léger que du Frédéric Lefebvre (le porte-parole de l'UMP) dans le texte.
Évidemment, le premier ministre, François Fillon, a eu beau jeu de s'engouffrer dans la brèche pour voler au secours du chef de l'État outragé. Il n'allait quand même pas rater une si belle occasion de moucher la maire de Lille ! Et là, nous sommes au coeur du registre, glorieux jusqu'au comique, de la fausse indignation. On fait comme si Nicolas Sarkozy pouvait être vraiment blessé par cette « injure » inqualifiable évidemment. Sans surprise, Xavier Bertrand est monté lui aussi en ligne, « scandalisé », le pauvre chéri, comme si ce politicien roué n'en avait pas vu d'autres... De son côté, Martine Aubry n'a pas été en reste en jouant les vierges effarouchées pour défendre la mémoire d'un « mort », François Mitterrand, dont l'Élysée avait contesté l'héritage sur la retraite à 60 ans. « Le Vieux », comme l'appelaient ses amis socialistes rirait volontiers de tant de candeur brute.
Cette salade de tartuferies de seconde catégorie qui ne trompent personne met en évidence un style dépassé, confiné au microcosme du microcosme. Le ridicule du dialogue devrait prévenir les acteurs contre les maux des mots. Et qu'on ne nous parle second degré, ce ne sera pas une excuse. On ne s'exprime pas en public comme on plaisante au bistrot. On ne fait pas semblant de faire peuple ou de faire sourire l'assistance en sacrifiant délibérément les nuances.
Par pitié, qu'on nous épargne toutes ces « facilités » qui sentent la com à plein nez, les « arguments de langage » rabâchés qu'on fait tourner en boucle, les ficelles grosses comme des cordes à noeuds. Les Français ne sont plus dupes de cette pauvre comédie qui insulte trop régulièrement leur intelligence.

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