dimanche 6 mars 2011
Union sacrée
L’irruption de Marine Le Pen en tête d’un sondage sur la présidentielle n’étonnera que les naïfs.
Il est des tremblements de terre que l’on provoque, quand Jean- François Copé applaudit Éric Zemmour, le jour où celui-ci vomit avec jubilation sur la législation antiraciste: des "miasmes égalitaristes et communautaristes", ces textes élaborés pour empêcher la haine et la tristesse entre les Français? On pourra s’interroger longtemps sur la complaisance de l’UMP envers un journaliste devenu le passeur médiatique entre la droite et l’extrême droite.
Le feuilleton Zemmour est la bande-annonce d’un film d’horreur politique. La droite est malade, non pas de sa défaite possible mais de ce qu’elle construit pour l’éviter. L’obsession identitaire du Président; l’insistance (Wauquiez maintenant) à présenter Strauss-Kahn comme un cosmopolite étranger au pays réel; la mobilisation du nouveau ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur le seul front de l’immigration: tout converge. Nicolas Sarkozy, battu dans un deuxième tour face à la gauche, sauverait sa réélection dans un face-à-face avec Le Pen. Le sarkozysme fabrique un 21 avril: se conserver la bourgeoisie conservatrice en offrant les classes populaires au FN et prendre la gauche en tenaille – au risque de tout perdre, mais en ayant tout tenté?
Ce sera leur remords ou leur châtiment, aux Sarkozy et Copé, qui doivent savoir, de toute leur histoire d’enfants d’immigrés, ce qu’ils tolèrent désormais. Et c’est à la droite elle-même, par un Fillon, une Jouanno, un Devedjian ou un Baroin, de conjurer sa dérive. En attendant, la maladie d’une droite folle oblige la gauche à faire de la politique. Une réalité s’impose: aujourd’hui (provisoirement?), seul DSK échappe à Marine Le Pen, élargissant au premier tour l’électorat socialiste. Le PS peut en tirer une conséquence en termes de leadership mais aussi une stratégie: la construction d’une alliance entre socialistes, centristes et écologistes est le plus sûr moyen de conjurer la catastrophe.
Ce pôle progressiste porterait un candidat commun à la présidentielle, intouchable au premier tour, invincible au second. Qu’on imagine la puissance réformatrice d’une entente entre DSK, Aubry, Bayrou, Cohn-Bendit, Hulot, voire Borloo? S’ils avaient la vertu qu’ils revendiquent, les progressistes discuteraient d’un programme, et d’une alliance électorale. Ils le feraient publiquement pour le programme, discrètement pour les ralliements. Ils assumeraient une stratégie de gouvernement. Et leur entente, rendant inutile la montée aux extrêmes, pourrait guérir la droite de sa méchante maladie. On connaît toutes les raisons personnelles qui s’opposent à l’évidence unitaire.
Mais en dehors de ce courage, tous les discours des gauches sur Le Pen et Sarkozy ne sont que des glapissements indignés.
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