TOUT EST DIT

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dimanche 6 mars 2011

Où est l’Europe,
où est la France ?


Attendre la suite des événements en témoignant une sympathie gratuite ne suffit plus : la révolution libyenne tourne au bain de sang. La guerre civile fait rage dans un rapport de forces très inégal. Avec, d’un côté, des populations criant leur soif de liberté mais sans expérience militaire ; de l’autre, une garde prétorienne aux ordres de Kadhafi renforcée de contingents mercenaires avec aviation, chars et artillerie. La chute du dictateur n’est pas pour demain. Alors, que faire ?

Ce qui paraissait encore inimaginable la semaine dernière ne semble plus l’être. La zone d’exclusion aérienne qui interdirait à tout avion libyen de décoller est désormais à l’étude, du moins à Washington, Londres et Paris. Certes, il ne s’agit encore que de gesticulation, car une telle décision nécessiterait l’accord du conseil de sécurité de l’ONU, où Russes et Chinois ne veulent pour l’instant rien entendre. Et, tout en renforçant leurs positions en Méditerranée, les Américains font bien comprendre aux Européens que la Libye reste d’abord leur problème. Elle est à leurs portes, leur fournit du pétrole et sert de tremplin aux vagues d’immigration qui font tant trembler le vieux continent.

En toute logique, l’Europe devrait prendre les devants, ne serait-ce que par une vraie coercition diplomatique et, surtout, une aide humanitaire massive. Malheureusement, la frileuse Europe étale jour après jour ses incompétences et ses faiblesses. Dire que ce n’est que le 11 mars qu’un Conseil européen daignera «dans l’urgence» (?!) se pencher sur la situation au Maghreb ! Que penser de cette «politique étrangère» mise en place par le traité de Lisbonne et qui, a-t-on dit, devait faire parler l’UE d’une seule voix ? La baronne Ashton en charge de ce travail est aussi inaudible que le «président» de l’Union, Herman Van Rompuy. De quoi regretter l’ancien «haut représentant» de l’UE Javier Solana qui n’avait pourtant pas les pouvoirs de la «ministre» Catherine Ashton. Au moins, lui, il savait parler !

Comble de l’hypocrisie, les Européens continuent à se fournir en pétrole libyen (alors que l’Arabie saoudite pourrait compenser ces livraisons…) en admettant sans gêne que les compagnies pétrolières versent tous les jours des millions de royalties au dictateur officiellement honni. Kadhafi, qui confond les recettes de l’État avec ses avoirs personnels et ceux de son clan (apparemment «bloqués») a de quoi survivre. Et de quoi payer les tueurs à sa solde…

Reste l’aide humanitaire, jusqu’à présent limitée à la portion congrue, y compris par la France. Pourtant, malgré les couacs récents, Paris s’enorgueillit de ses relations historiques avec son ancien protectorat tunisien. Premier geste : un porte-hélicoptères de la Marine nationale vient enfin d’appareiller pour rejoindre des frégates allemandes et britanniques déjà amarrées à Gabès afin de rapatrier les réfugiés égyptiens.

Aider les Tunisiens qui, malgré leurs faibles moyens, ont su admirablement accueillir des dizaines de milliers de personnes fuyant la Libye était pourtant de toute priorité. Et certainement plus important que la chasse «Hortefeux-Guéant» aux quelques clandestins tunisiens arrivés de Lampedusa pour être reconduits, menottés comme des criminels, à la frontière italienne. Des images complaisamment montrées à la télévision et qui font honte à la France.

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