TOUT EST DIT

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jeudi 24 février 2011

Pouvoir d'achat et
« ni-ni » salarial



Le sondage que nous publions a de quoi frapper les esprits. Pus de la moitié des Français (56 %) sont persuadés que leur pouvoir d'achat va baisser dans les trois prochains mois. C'est 14 points de plus que le mois précédent et 17 de plus qu'en novembre ! Ouvriers, cadres, retraités, tout le monde est inquiet. Autre point notable : ce score contredit le schéma habituel selon lequel nous sommes collectivement pessimistes (sur la situation économique et sociale) mais individuellement optimistes (sur notre situation personnelle).


Autant le dire : cette crainte est justifiée. Si les cours du pétrole se maintiennent au niveau actuel, les soldes d'hiver et les économies sur l'achat d'écrans plats ne suffiront pas longtemps à amortir l'indice général des prix. De ce point de vue, le thermomètre de janvier est un trompe-l'oeil puisqu'il est déjà acquis que le super sans plomb va battre son record de 2008 dans les tout prochains jours. Pour ne pas être en reste, les tarifs du gaz vont être relevés. L'opinion n'a pas tort enfin de juger possibles des hausses d'impôt à court ou moyen terme.


Jean-Claude Trichet a-t-il dès lors eu raison d'avoir lancé une mise en garde solennelle ? Augmenter les salaires « serait la dernière bêtise à faire » pour récupérer ce pouvoir d'achat qui s'enfuit, a averti dimanche le président de la Banque centrale européenne. Sur le terrain purement macroéconomique, il n'y a rien à dire. La consommation est restée solide en France et des interrogations pèsent sur la compétitivité des entreprises tricolores, en tout cas en moyenne. Le taux de marge des PME reste faible et le chômage est élevé. Bref, ajouter l'inflation des salaires à celle de l'énergie serait le « dernier » des leviers de politiques économiques susceptibles de guérir le malade !


Le patron de la BCE aurait pourtant tort de répéter trop souvent tout haut ce qu'il est en droit de penser tout bas. La première raison est, tout simplement, que la mise en garde paraît inutile. En France, la politique salariale n'est pas aussi centralisée qu'elle l'est, par exemple, en Allemagne. Ce ne sont ni de vastes accords sociaux, ni encore moins l'Etat -depuis le tournant des années 1980 -, qui décident. Aucune esquisse de spirale prix salaire ne menace en réalité.


Mais la vraie raison est que cet avertissement est trop abrupt voire inopportun. Car après des années de modération et d'individualisation, la question salariale se pose bel et bien. Si on n'y prend pas garde, les excellents (et heureux) résultats des grands groupes, le retour de faramineux bonus dans les banques et le juridisme dans lequel semble se noyer le G20 vont creuser rapidement le fossé entre l'opinion et des élites qui donnent l'impression que la crise est finie.


Sur les hausses des rémunérations, il n'y a ni oui a priori à décréter ni non a priori à opposer. Certaines entreprises peuvent y penser, certaines le doivent, d'autres pas. C'est aussi simple que cela.

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