TOUT EST DIT

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jeudi 24 février 2011

La quadrature du cercle nucléaire

C'est bien connu, le combustible nucléaire est une matière fissile à manipuler avec la plus extrême précaution. C'est donc avec la prudence du chimiste que l'Elysée a tenté de rapprocher deux atomes fortement répulsifs, EDF d'un côté, Areva de l'autre. L'assemblage obtenu est forcément baroque et instable. Mais, pour la première fois, il n'a pas explosé immédiatement. Tout le monde semble content, c'est un bon début. EDF se voit conforté comme chef de file de la filière française et Areva obtient la mise à l'étude du réacteur Atmea de moyenne capacité qu'il réclamait depuis des années.

Cela fait une décennie que la stratégie de ces deux acteurs diverge singulièrement. En cause, la montée en puissance d'Areva, du statut de simple sous-traitant vers celui de fournisseur de solution quasiment clefs en main. EDF, qui a tenu ce rôle durant les « Vingt Glorieuses » du nucléaire en France, n'entend pas le céder. D'autant que son statut de plus grand exploitant nucléaire du monde est aujourd'hui très recherché à l'étranger.

La rivalité entre constructeurs et exploitants nationaux ne date pas d'hier. On la retrouve dans le TGV entre la SNCF et Alstom ou dans l'aérien entre Air France et Airbus. Progressivement, chacun trouve sa place. Dans le nucléaire, ce n'est pas encore le cas. EDF et Areva partagent pourtant le même actionnaire, l'Etat, mais cela ne facilite pas les choses.

Ce n'est pas qu'il se désintéresse du sujet, mais plutôt qu'il s'y intéresse trop. A l'Elysée, à Matignon, à Bercy, chacun a son avis et les divergences personnelles et stratégiques entre les femmes, les hommes et les entreprises traversent également tout l'appareil d'Etat. Les décisions sont reportées, ce qui attise encore la guerre des clans. Du coup, on assiste à des scènes de ménage burlesques et à des comportements pour le moins déviants. Quand EDF en vient à faire la promotion d'un réacteur chinois concurrent de celui de son partenaire français, on s'interroge sur la pertinence du concept d'« équipe de France du nucléaire ».

Lundi, tout en laissant encore bien des zones floues dans la nouvelle répartition des rôles, l'Elysée a tenté de fermer cette parenthèse diabolique. Le CEA veillera à contenir le réacteur chinois en Chine et Areva devra ouvrir ses très chères mines à ses partenaires. Reste, comme en diplomatie, à s'assurer que tout le monde a bien lu le même texte et en tire les mêmes conclusions.

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