vendredi 11 février 2011
Paris, ses rues, sa pub
La Mairie de Paris veut réduire la place de la publicité dans la capitale. Louable souci : le dernier « règlement local » qui s'applique à ce domaine date de 1989, et sa révision a été retardée par la longue bataille juridique menée par les afficheurs. Or, depuis vingt ans, le nombre des emplacements publicitaires a augmenté, et les techniques souvent agressives (d'éclairage, d'animation) se sont perfectionnées pour capter les regards du public. Il est donc question, entre autres mesures, d'accroître la distance requise entre les panneaux, de diminuer leur taille maximale autorisée (de 12 à 8 mètres carrés), de les interdire aux abords des écoles, de restreindre les annonces lumineuses en haut des immeubles. L'ardeur du débat montre à quel point le sujet est sensible, et l'argumentaire des publiphobes radicaux traduit parfois un préjugé idéologique ou quasi religieux : un élu du Parti de gauche accuse la publicité d' « attaquer la liberté de conscience » ; une passante, interrogée dans un journal télévisé devant la bâche publicitaire qui recouvre la façade de l'opéra Garnier en travaux, oppose l' « impureté » de cette image à la pureté d'un temple de l'art lyrique... La diabolisation, sans doute, est parfois excessive, mais le constat est unanime : quand elle devient envahissante, quand elle obstrue un panorama urbain ou quand elle dénature un site architectural, la publicité en ville est une véritable nuisance.
Ce qu'on oublie cependant dans cette querelle, c'est que l'affichage n'est pas seulement un moyen de vendre une marque, mais aussi un spectacle, plus ou moins agréable. On se plaint de la « pollution » publicitaire, mais on visite avec plaisir les expositions consacrées aux grands affichistes du passé récent, comme Savignac ou Villemot, ou plus ancien, comme Mucha, Toulouse-Lautrec ou Chéret. Il est bon de limiter quantitativement l'espace concédé aux panneaux, mais il faudrait aussi prévoir, dans le nouveau règlement parisien, une commission de l'esthétique pour bannir le droit à la laideur...
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