Il n’y a eu qu’un seul véritable événement hier soir, et c’est au Caire qu’il s’est produit. Pas sur TF1. Si la soirée en Égypte a été placée sous le signe de l’inattendu, la prestation du président de la République a été absolument sans surprise.
Était-ce volontaire ? On peut se le demander. Le chef de l’État s’est appliqué à résister aux emballements péremptoires qui lui permettent, d’ordinaire, de faire le show. Dans ses réponses aux «Paroles de Français», aucune formule ne fera date. Aucun échange. Pas même un incident qui aurait donné un peu de chair au programme. L’Élysée ne s’en plaindra pas. Au risque d’ennuyer ou de décevoir, Nicolas Sarkozy a choisi d’apparaître lisse, sur le registre qu’il avait adopté lors du débat du second tour de la présidentielle. Un sacrifice qu’il a mis au service d’une stratégie médiatique délibérée
Hier soir, pratiquement aucune attaque contre ses adversaires. Pas d’emportement théâtral. Pas de bon mot. Et même pas d’ironie mordante. Le président a pris bien soin de maintenir à distance un climat polémique dangereux pour transformer la soirée en aimable conversation de salon. C’est à peine si la colère des juges ou les vacances gouvernementales en Tunisie et en Égypte ont agité le plateau. L’une et l’autre ont été survolées dans le propos présidentiel, ramenées à la dimension de simples péripéties. Le malaise des enseignants, lui, a été cantonné aux équations comptables de l’éducation nationale.
Avec des questions ouvertes et peu incisives, le panel de questionneurs, beaucoup plus effacé que celui de l’an dernier, et parfois même absent, n’a pas inquiété le chef de l’État, mais ne l’a pas non plus tiré vers le haut. Il ne s’est guère aventuré, en effet, au-delà de généralités flirtant trop souvent avec des propos de café du commerce. Au mieux, une tranquille promotion de son fonds de commerce habituel. Sur les jurés populaires, la sécurité, les ravages des 35 heures, l’islam de France qui ne doit pas être «l’islam en France», l’identité nationale délaissée au profit des cultures venues d’ailleurs, l’immigration et le refus des régularisations massives, rien de nouveau. A l’oreille, cela faisait déjà entendu.
Au prix d’un certain nombre de facilités, Nicolas Sarkozy a pu offrir, malgré tout, une nouvelle image aux Français. Celle d’un dirigeant calme, allant jusqu’à reconnaître les limites de son action. Et même des échecs. Si l’objectif était de faire retomber un peu la température, alors il aura été atteint. Mais le Président a peiné à donner un coup de neuf à son catalogue. Il n’y avait pas beaucoup de foi dans les nombreux «ce sera fait avant l’été» ou «avant la fin de l’année» non chiffrés. Ils ont montré que la séduction du candidat de 2007 appartenait au passé et que celle du prétendant à sa réélection en 2012 restait à inventer.
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