TOUT EST DIT

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vendredi 11 février 2011

Incertitudes égyptiennes


L'Egypte va-t-elle basculer dans le chaos ? Après le départ de Ben Ali de Tunisie, les jours d'Hosni Moubarak à la tête de son pays semblaient comptés. Au 17 e jour de leur mouvement, les manifestants de la place Tahrir au Caire s'apprêtaient à célébrer leur « victoire » lorsque, provoquant déception et colère dans les rues du Caire, le raïs a annoncé hier sa décision de transférer ses pouvoirs à son vice-président sans toutefois présenter formellement sa démission. Alors qu'une vague de grèves menace désormais de paralyser l'économie du pays, ce nouvel épisode complique une situation déjà problématique. Il montre combien il est difficile d'organiser la transition dans un pays émergeant avec peine de plus de trente ans d'un règne qui, sans la pression de la rue, aurait débouché sur une succession dynastique.


Si l'on est loin, à l'évidence, de l'instauration d'une démocratie, il est même encore trop tôt pour connaître l'objectif réel de l'armée et du vice-président Omar Souleimane qui, avant d'être nommé la semaine dernière par Hosni Moubarak, avait dirigé les services de renseignement militaire. Derrière la décision des militaires de ne pas intervenir pour disperser les manifestants, certains ont vu leur volonté de mener à bien un coup d'Etat tout en gardant leur légitimité. De même, personne ne peut prédire encore le rôle que joueront demain les Frères musulmans, même s'ils ont été dépassés eux aussi par les événements. Peut-on imaginer une évolution comme en Turquie, où l'armée est le garant des valeurs de la République avec un président « fort » ?


Les tergiversations de Moubarak rendent plus lancinantes les incertitudes dans lesquelles le pays est aujourd'hui plongé. Les regards se tournent vers les Etats-Unis, qui, surpris dans un premier temps par l'ampleur du mouvement de protestation, n'ont pas encore définitivement arrêté leur politique en espérant ne pas perdre le contrôle de la situation. Il faut espérer que les événements en Egypte finiront par être le premier pas vers une transition démocratique, non seulement dans ce grand pays arabe, mais aussi ailleurs, peut-être demain en Syrie, en Jordanie, au Yémen. Et pourquoi pas en Iran, trente ans après la révolution confisquée par les ayatollahs ?

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