TOUT EST DIT

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samedi 12 février 2011

L'Egypte entre euphorie et incertitudes au premier jour de l'après-Moubarak

Les Egyptiens fêtaient samedi la démission d'Hosni Moubarak, chassé la veille par la rue, même si de lourdes incertitudes pèsent sur l'avenir du plus peuplé des pays arabes, dont les rênes ont été confiées à l'armée.
Quelques milliers d'Egyptiens euphoriques étaient encore rassemblés en début de matinée sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier, dont beaucoup avait passé la nuit sur place.
L'armée commençait à enlever les barricades et barbelés autour de la place, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les militaires s'attelaient notamment à retirer les barricades érigées à côté du Musée égyptien.
L'armée, assistée dans ses efforts par des civils qui nettoyaient la place, retirait également les carcasses de voitures brûlées, traces des affrontements ayant opposé forces de l'ordre, pro et anti-Moubarak au plus fort de la révolte, qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et Human Rights Watch.
Certains chars stationnés au milieu des rues ont commencé de se ranger sur les côtés, mais d'autres étaient encore en position.
Sur le pont menant à l'une des entrées de la place Tahrir, un groupe de jeunes dansaient, arborant des drapeaux égyptiens et arrêtant les voitures pour féliciter les conducteurs.
Certains avaient la voix enrouée tellement ils avaient crié de joie après l'annonce que M. Moubarak, 82 ans, démissionnait et remettait les pouvoirs à l'armée.
La presse gouvernementale égyptienne, qui affiche d'ordinaire un soutien sans faille au régime, saluait samedi la "Révolution des jeunes".
"Le peuple a fait tomber le régime", "Les jeunes d'Egypte ont obligé Moubarak au départ", titrait ainsi en une Al-Ahram, poids lourd de la presse gouvernementale.
L'annonce de la démission de M. Moubarak est intervenue au 18e jour de révolte populaire, alors que plus d'un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l'Egypte.
Le Parti national démocrate de M. Moubarak avait indiqué un peu plus tôt que le chef de l'Etat avait quitté Le Caire pour Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, où il dispose d'une résidence.
La puissante armée égyptienne, désormais maître du jeu dans le pays le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d'habitants, a assuré qu'elle ne souhaitait pas se substituer à "la légitimité voulue par le peuple".
"Tenant compte des revendications de notre grand peuple qui souhaite des changements radicaux, le conseil suprême des forces armées étudie (ces revendications) et publiera des communiqués qui préciseront les mesures qui vont être prises", a-t-elle indiqué vendredi soir.
Vendredi matin, alors que M. Moubarak était encore président, mais qu'il avait délégué ses prérogatives à son vice-président Omar Souleimane, ce conseil avait assuré qu'il garantirait "une élection présidentielle libre et transparente". Il avait aussi promis de mettre fin à l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981, "dès la fin des conditions actuelles".
Le nouvel homme fort du pays est désormais le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui. Agé de 75 ans, il est à la tête du Conseil suprême des forces armées, une commission de dirigeants militaires qui a pris la direction de l'Egypte.
L'annonce de la démission de M. Moubarak a provoqué une explosion de joie en Egypte, mais aussi dans plusieurs pays du Moyen-Orient et au Maghreb, notamment à Tunis, où un mouvement de contestation similaire avait provoqué la chute le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali.
"L'Egypte d'aujourd'hui est une nation libre et fière", s'est félicité la figure la plus en vue de l'opposition, Mohamed ElBaradei, sur Twitter.
"Mon message au peuple égyptien est que vous avez gagné la liberté (...) Faisons-en le meilleur usage", avait-il déclaré plus tôt sur Al-Jazeera.
Les Frères musulmans ont de leur côté salué "l'armée qui a tenu ses promesses".
Le président américain Barack Obama a affirmé que l'Egypte "ne sera plus jamais la même", et appelé l'armée à assurer une transition "crédible" vers la démocratie.
L'armée est confrontée à la tâche colossale de restaurer la stabilité tout en répondant aux aspirations au changement démocratique.
L'incertitude règne sur la manière dont l'institution militaire, adepte du culte du secret, s'y prendra. Pour l'instant, elle ne s'est exprimée que par trois brefs communiqués lus à la télévision d'Etat.
Appréciée -à l'inverse de la police- par la population qui a souvent fraternisé avec la troupe lors des manifestations, l'armée n'a pas dit non plus quel processus concret elle comptait instituer pour réformer un système dont elle est l'épine dorsale.
Sur la place Tahrir, Mohamed Rida, un manifestant de 26 ans, espérait la formation rapide d'un "gouvernement civil". "Nous attendons un nouveau communiqué de l'armée. Nous ne voulons pas être gouvernés par des militaires. Nous aspirons à un gouvernement de coalition avec des gens expérimentés".
Le journal gouvernemental Al-Goumhouriya demandait de son côté que "le futur président (soit) transparent". "Il est de notre droit de connaître sa fortune avant et après sa prise de fonctions".

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