TOUT EST DIT

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samedi 12 février 2011

Quel avenir pour une Egypte entre les mains de l'armée ?

L'armée égyptienne, à laquelle ont été confiées les rênes du pays après le départ de Hosni Moubarak, vendredi 11 février, est confrontée à la tâche colossale de restaurer la stabilité du pays tout en répondant aux aspirations démocratiques des Egyptiens. Jusqu'à présent, les militaires n'ont pas exposé en détail leurs projets et l'Egypte avance en territoire inconnu.

  • Quel rôle précis a été confié à l'armée ?
Le Conseil suprême des forces armées est désormais chargé de "gérer les affaires du pays", a déclaré vendredi le vice-président Omar Souleiman à la télévision, après avoir fait état de la démission du président Hosni Moubarak. Ce conseil est dirigé par le ministre de la défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui a fait une apparition devant le palais présidentiel à Héliopolis, près du Caire, pour saluer la foule.
Vendredi matin, l'armée avait déclaré qu'elle serait garante d'élections "libres et transparentes", et assuré qu'elle mettrait un terme à l'état d'urgence en vigueur depuis près de trente ans, dès que la situation serait redevenue normale. Elle a promis "une transition pacifique du pouvoir menant à une société démocratique libre", mettant en garde cependant contre toute atteinte à la sécurité du pays. En fin de journée, elle a assuré qu'elle ne voulait pas se substituer à la "légitimité voulue par le peuple" et promis des "mesures" à venir pour répondre aux demandes de "changements radicaux" des manifestants.
  • L'armée est-elle populaire ?
    Forte de près de 470 000 hommes, l'armée égyptienne, est appréciée par la population qui a souvent fraternisé avec les troupe lors des manifestations.  "Dès le début [du mouvement], l'armée s'est abstenue d'intervenir pour empêcher les manifestations, elle n'a pas joué le rôle que Moubarak aurait sans doute voulu qu'elle joue. Elle a préféré rester neutre et préserver sa position d'arbitre", commente Mustapha Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. "L'armée est perçue comme un garant, comme un médiateur, entre un pouvoir absent et la révolte de la rue", fait valoir Amr al-Chobaki, de l'institut Al-Ahram d'études politiques et stratégiques.
  • Peut-elle incarner le changement ?
L'incertitude règne sur la manière dont l'institution militaire, adepte du culte du secret, s'y prendra pour gérer le pays. Pour l'instant, elle ne s'est exprimée que par trois brefs communiqués lus à la télévision d'Etat. Le chef du Conseil militaire est un pilier de l'ancien régime : ministre de la défense, Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, est qualifié par ses détracteurs de "caniche" de Moubarak. L'avenir d'Omar Souleiman est lui-même incertain. Cet ancien chef des services de renseignement, âgé de 74 ans, est contesté par les manifestants, en raison de son soutien à Hosni Moubarak.
L'armée n'a pas indiqué par quel processus concret elle comptait réformer un système dont elle est l'épine dorsale. Depuis le renversement de la monarchie en 1952, l'armée a donné à l'Egypte tous ses présidents. Expert du Proche-Orient au Center for American Progress de Washington et proche de la Maison Blanche, Brian Katulis souligne que la chute de Moubarak ne marque que le début du processus de transition : "Officiellement aujourd'hui, si ce n'est de fait dans la rue, ceux qui dirigent l'Egypte depuis 1952 sont toujours les mêmes, issus du même cadre de l'élite militaire."
  • Quels signaux la population égyptienne attend-elle ?
L'armée pourrait envoyer un signal positif en limogeant le gouvernement formé à la hâte par Hosni Moubarak après le début du soulèvement populaire. Elle pourrait par exemple le remplacer par un cabinet "qui représente le peuple, les forces d'opposition et les forces qui ont déclenché la révolution", estime Hassan Nafaa, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. D'autres analystes espèrent une dissolution du Parlement issu des élections législatives de novembre, considérées comme frauduleuses.
  • Et ceux attendus par la communauté internationale ?
Le président américain Barack Obama a réclamé vendredi soir "la levée de l'état d'urgence, une révision de la Constitution et d'autres lois permettant de garantir le caractère irréversible de ce changement, et la définition d'un trajet clair vers des élections libres et justes". Son vice-président américain Joe Biden a prévenu que les jours à venir seraient "délicats et lourds de conséquences". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé de ses vœux "l'établissement prochain d'un régime civil", tandis que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a souhaité la mise en place d'un gouvernement "largement représentatif".
  • A quels autres défis devra répondre l'armée ?

"On ne sait pas comment l'armée va gérer l'interim"
envoyé par lemondefr. - L'actualité du moment en vidéo.

Quel que soit le futur gouvernement, il sera confronté à d'importants défis sociaux et économiques dans un pays sclérosé par trente années d'un pouvoir autoritaire et corrompu. L'économie égyptienne a par ailleurs été durement affectée par dix-huit jours de crise, par la désertion des touristes, la fermeture de sa Bourse et par les réticences des investisseurs étrangers.
L'armée devra par ailleurs clarifier son attitude face aux Frères musulmans, bête noire de l'ancien régime, avec qui le pouvoir agonisant de M. Moubarak avait toutefois engagé une ébauche de dialogue.

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