François Fillon affectionne la posture du réformateur tranquille, ce qui n’a pas toujours été porté à son crédit. Lors des tonitruants débuts du quinquennat, le Premier ministre faisait pâle figure à côté d’un président omniprésent dans les médias. Mais il a fait son chemin, sortant vainqueur du premier bras de fer de la V e République entre postulants à Matignon. Celui que le président désignait comme son « collaborateur » a désormais les coudées un peu plus franches, et il en profite pour se poser en chef de la majorité. Il ne s’est pas laissé aiguillonner pendant trois ans par les impatiences du chef de l’État, marchant à son pas, souvent rapide et assuré, d’ailleurs. Il ne se laissera pas dicter sa conduite par le nouveau patron de l’UMP, Jean-François Copé et par son lieutenant Christian Jacob, qui, après s’être imposés à la tête du parti majoritaire, ont déclenché des offensives tous azimuts contre « l’emploi à vie » dans la fonction publique, contre les sanctions visant les députés qui tricheraient sur le montant de leur patrimoine ou encore pour l’abolition formelle des 35 heures.
Les deux quadras aux dents longues occupent l’espace médiatique laissé vacant par « l’aboyeur » Frédéric Lefèbvre, entré au gouvernement. Ils ont engagé une compétition qui ne dit pas son nom avec le Premier ministre pour s’attirer les faveurs des militants et des élus. François Fillon a tracé, hier, les limites de l’exercice : oui à un débat « utile », non au « dogmatisme » et aux « excès ». Non, donc, aux mesures qui heurteraient les syndicats de front. La bataille des retraites a laissé suffisamment de traces et d’aigreurs !
L’OPA de Copé sur l’UMP a été présentée comme dangereuse pour Nicolas Sarkozy. Le soldat Fillon se charge de défendre le chef de l’État, qui est finalement conforté par cette opération qu’il n’a pas voulue : le nouveau patron de l’UMP endosse le costume du trublion pressé, le Premier ministre fait la police au sein de la majorité et le chef de l’État prend de la hauteur. Après trois ans et demi d’hyperprésidence affichée, on revient à un dispositif institutionnel classique sous la V e République. Le style Fillon a gagné sur toute la ligne. Le style seulement : sur le plan politique, le Premier ministre reprend pleinement à son compte les thèmes de l’année « utile » édictés le 31 décembre par le chef de l’État.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire