TOUT EST DIT

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mardi 11 janvier 2011

Livret A : une guerre sans vainqueur

La deuxième guerre du Livret A est bien partie pour ne faire que des perdants. Cela fait trois mois maintenant que la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et les banques se disputent la répartition du gâteau constitué par le placement préféré des Français. Au coeur de ce débat, la question de la hausse du taux de centralisation, c'est-à-dire la part de cette collecte que les secondes devront à l'avenir reverser à la première. Ce dossier, à priori technique, est capital pour les deux parties, mais aussi pour le financement de l'économie.

Au moment où s'ouvrent les auditions parlementaires sur le sujet, la CDC tient indubitablement la corde. Son discours sur la nécessité de porter ce taux autour de 70 % pour préserver le financement du logement social rencontre une large adhésion. A l'inverse, les banques peinent à faire entendre leurs voix. Certaines d'entre elles ont beau expliquer avec force détails que plus le taux de centralisation sera élevé moins elles seront incitées à collecter du Livret A, rien n'y fait. Et pourtant, leurs arguments mériteraient d'être entendus. Car l'évolution prudentielle en cours va les condamner à accroître leur base de dépôts. De là à privilégier des produits d'épargne plus favorables à leur bilan, il n'y a qu'un pas, dont le Livret A pourrait faire les frais... Et le succès de la CDC ferait alors figure de victoire à la Pyrrhus. Car, contrairement à l'idée reçue, pour prospérer le Livret A a besoin d'être poussé. Depuis 1980, son poids dans l'épargne des Français a été divisé par 5 ! Il n'est plus que de 5 %.

Pour sortir de cette impasse, il faudra donc que chaque partie fasse des concessions. Mais cela pourrait bien ne pas suffire. Dans ces conditions, une voie alternative mérite d'être explorée. Elle consisterait à relever non pas le taux de centralisation, mais le plafond du Livret A, qui n'a pas bougé depuis près de 20 ans. Dans la mesure où 2 millions de ces livrets environ sont aujourd'hui au plafond, un relèvement se traduirait quasi mécaniquement par une augmentation sensible de la collecte. De quoi satisfaire la Caisse des Dépôts et les acteurs du logement social. Pour les banques, une telle solution n'a évidemment rien d'idéal. Mais, combinée à d'autres aménagements, elle pourrait constituer un moindre mal.

Finalement, seul l'Etat aurait à coup sûr à y perdre. Outre que cela reviendrait à élargir une niche fiscale, cette option se traduirait par un manque à gagner. Mais c'est sans doute le prix à payer pour se donner une chance de maintenir le fragile équilibre global du système.

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