TOUT EST DIT

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mardi 18 janvier 2011

Airbus, une leçon d'Europe


Un peu de beaucoup vaut souvent mieux que beaucoup de pas grand-chose ! Le destin croisé d'Airbus et de Dassault est sur ce point révélateur. Au moment ou le premier triomphe une nouvelle fois face à Boeing sur la scène mondiale, il est cruel de constater que le second semble, lui, voir s'assombrir le ciel brésilien dans lequel son Rafale semblait pourtant susceptible de prendre son envol. Airbus, vitrine de l'unité industrielle européenne, s'impose. Dassault, symbole d'une Europe de la défense totalement morcelée, reste en partie cloué au sol.


Quels que soient ses mérites technologiques ou ses problèmes de compétitivité en termes de prix, l'avion de combat de Dassault souffre surtout de devoir affronter trop de concurrents. Qu'il trouve face à lui un chasseur américain n'a rien d'illégitime. Mais il doit aussi batailler, au Brésil comme ailleurs, face à un Gripen suédois, un European Fighter anglo-hispano-germano-italien et l'américain JSF soutenu par des Européens. Le ciel n'est pas assez vaste pour autant d'acteurs. Surtout que, même quand Dassault l'emporte et rafle sur le papier la totalité du marché, les victoires tant de fois anticipées ont tendance à ne déboucher sur rien. De la grosse part de gâteau, il ne reste même pas des miettes.


Ces revers répétés devraient retentir comme autant de signaux d'alarme pour les industriels et les pouvoirs publics européens. Car au-delà du Rafale, ce sont des pans entiers de nos industries déjà menacés aujourd'hui qui risquent de l'être encore plus demain. Des drones aux centrales nucléaires, en passant par les trains à grande vitesse, voire à terme la voiture électrique, sur plus d'un chantier stratégique majeur, l'Europe, à force de se faire concurrence à elle-même, risque de se retrouver prise en tenailles entre ses rivaux historiques américano-japonais et de nouvelles générations d'industriels issus des pays émergents. Les Coréens font déjà de l'ombre aux Français dans le nucléaire. Les trains chinois rivalisent avec ceux d'Alstom ou de Siemens.


A l'inverse, l'exemple d'Airbus mérite de faire école. Même s'il est imparfait et impose une gouvernance complexe. Même s'il contraint les dirigeants de l'avionneur européen à prendre en compte des logiques de retour géographique ou d'équilibres politiques teintés de natio-nalisme. Mettre tous ses oeufs dans le même panier comporte, bien sûr, une part de risque, mais le plus grand risque est bien celui de la désunion européenne.

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