TOUT EST DIT

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mardi 18 janvier 2011

Liberté de jasmin

Ils n'ont rien lâché. Ben Ali a fui. Le peuple tunisien ne pouvait croire au catalogue de miracles énoncé dans son incroyable et minable péroraison télévisée. Il ne pouvait accorder le moindre crédit à ce dictateur qui a affamé son pays, l'a privé des libertés fondamentales et a opprimé durement tous ceux qui ne sont pas dans le parti officiel. Comment entendre les promesses alors que pendant le discours les tirs sur la foule continuent ? Le limogeage du gouvernement et l'annonce d'élections anticipées, on le sentait bien, n'étaient rien d'autre qu'une fuite en avant. Une pitoyable tentative pour essayer de sauver ce qui pouvait l'être encore. Ben Ali devait partir, la Tunisie le demandait.

La Tunisie n'en pouvait plus du racket de la famille. Le 17 juillet 2009, une note de l'ambassadeur des États-Unis annonçait l'inéluctable issue et évoquait le malaise de la jeunesse. Une certitude qui renvoie aux déclarations de Mme Alliot-Marie et à nos complicités objectives avec la dictature tunisienne. La France a-t-elle donc tant de dettes envers cet État mafieux qu'elle le protège en bafouant la lutte d'un peuple tellement exaspéré qu'il était prêt à donner sa vie pour la liberté ?

Dans le tourbillon d'hier soir, la situation n'était guère facile à décrypter. Qui a pris le pouvoir ? Le Premier ministre et le parlement soutenaient-ils encore ce système pourri et quel rôle a joué l'armée dans cette journée dont on mesure encore mal les conséquences sur la stabilité du Maghreb ? La fuite de Ben Ali, lâché par les militaires, ouvre une ère nouvelle pour la Tunisie. On remarquera au passage que les représentants de l'Islam n'ont joué aucun rôle dans la transition.

Faire confiance aux continuateurs de l'État policier pour instaurer une démocratie est un leurre. C'est oublier que c'est déjà dans un contexte d'émeutes de la faim que Ben Ali avait enlevé le pouvoir à Bourguiba au terme d'un coup d'État. Mais, entre mirage et désespoir, les Tunisiens ont, cette fois, décidé de jouer la transition démocratique. Ils ne demandent rien d'autre que la paix, la fin de la répression et le progrès. Qu'un gamin ne se soit pas immolé pour rien un soir dans les senteurs de jasmin en voulant écrire le nom de la liberté.

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