Les ennuis de santé de Steve Jobs soulèvent à nouveau le problème de la transparence des informations à ce sujet. Wall Street cherche à en savoir plus, alors que les questions relatives à l'utilisation du cash d'Apple restent sans réponse.
Le géant californien publie ce soir ses résultats trimestriels. Ils seront certainement excellents : les analystes anticipent un bond de 50 % du chiffre d'affaires, grâce au succès de l'iPhone et de l'iPad. L'examen de ces performances exceptionnelles -qui ne surprennent plus -devrait toutefois laisser place à des questions d'ordre médical. Les problèmes de santé de Steve Jobs sont revenus au premier plan de l'actualité d'Apple, depuis l'annonce lundi d'un nouvel arrêt maladie du PDG.
Et ils inquiètent principalement les investisseurs, compte tenu de l'implication directe du patron fondateur dans la stratégie, et son impact sur les performances financières et boursières de l'entreprise. « La santé de Steve Jobs est l'un des facteurs de risque les plus importants pour le titre en Bourse », confirme Leslie Griffe de Malval, gérant chez IT Asset Management. Wall Street cherche donc à en savoir plus sur la santé de Steve Jobs que les simples informations distillées
dans le communiqué de lundi. Et les critiques pourraient à nouveau apparaître sur le manque de transparence de la société sur ce sujet.
Pas de règles précises pour communiquer
Il y a deux ans, déjà, certains grands investisseurs américains s'étaient plaints de ce manque d'informations lors de la dernière « absence médicale » du patron d'Apple. Le gendarme des marchés financiers, la SEC, s'était même penché sur la question, pour déterminer si, oui ou non, la société aurait dû procurer davantage d'informations sur l'état de santé de Steve Jobs. L'enquête n'avait finalement rien donné.
Il n'existe pas de règles précises pour un tel cas. Mais « la société n'est pas obligée de donner plus d'indications que le simple fait que son PDG doive effectivement s'absenter pour raisons médicales », déclare James Cox, un professeur de droit américain, cité par l'agence Bloomberg. « Evidemment le
statut de Steve Jobs est unique chez Apple. Mais cela ne doit pas pousser l'entreprise à communiquer davantage. Ce serait la porte ouverte à la spéculation sur ses bulletins de santé », prévient Christophe Foliot, responsables actions internationales chez LCF Rothschild.
Une trésorerie débordante
Si les questions sur la santé du patron d'Apple reviennent sur le premier plan, celles relatives à l'utilisation de la trésorerie du groupe sont récurrentes depuis plusieurs mois. Le problème devrait être à nouveau soulevé à l'occasion de la publication des résultats. Chaque trimestre, la firme à la pomme voit son cash augmenter. Il dépasse désormais les 50 milliards de dollars et pourrait bien s'établir à 70 milliards à la fin de l'année. Les investisseurs ont du mal à cacher leur impatience face à cet argent qui « ne travaille pas ». « Apple est en train de détruire de la valeur, réagit un gérant de portefeuille américain, interrogé par le Wall Street Journal. La stratégie produits est excellente. Mais l'entreprise laisse de l'argent sur la table avec une telle trésorerie. Cela ne rapporte rien. »
De plus en plus d'investisseurs incitent les dirigeants d'Apple à redistribuer davantage aux actionnaires. Les analystes de Bernstein Research ont ainsi calculé que si Apple décidait de verser 4 % de ses bénéfices en dividendes, de racheter 20 milliards de dollars d'actions, sa trésorerie augmenterait tout de même de 10 milliards cette année. D'importantes acquisitions pourraient être réalisées dans le même temps. Au mois d'octobre dernier, Steve Jobs avait laissé penser que la trésorerie pourrait être mobilisée pour financer d'éventuelles acquisitions.
« La critique est plus légitime que celle sur les questions de santé, relève Christophe Foliot. Apple pourrait imiter Microsoft en 2004. » Pressé de toutes parts par les investisseurs, le géant informatique avait à l'époque reversé 32 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires. « Cela aurait le mérite de calmer les ardeurs du marché au sujet de la santé de Steve Jobs et la question de la succession, » estime Leslie Griffe de Malval. En décidant de redistribuer une partie de ses bénéfices, la société pourrait en outre élargir le panel des investisseurs, en attirant de nouveaux fonds actionnaires davantage intéressés par les valeurs de rendement. Cette décision reviendra de toute façon à Steve Jobs, qui reste seul maître à bord, malgré ses ennuis de santé.
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