TOUT EST DIT

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mardi 18 janvier 2011

MAM doit-elle partir ?

Évidemment la question est provocatrice. Elle pourrait même sembler partisane puisque c’est un député communiste qui, hier, a demandé à la ministre des Affaires étrangères de quitter le quai d’Orsay. Une pénitence pour expier sa propre faute : avoir proposé au gouvernement tunisien de Ben Ali, le «savoir-faire» d’experts français du maintien de l’ordre pour l’aider à gérer efficacement la répression de manifestations sanglantes.

C’est plus qu’une bévue qu’il s’agit de sanctionner. Plus qu’une de ces gaffes légendaires qui jalonnent l’histoire de la diplomatie française à l’image de cette déclaration de Claude Cheysson, le premier ministre des Relations extérieures de François Mitterrand, considérant publiquement, en 1981, que l’assassinat d’Anouar El Sadate, «horrible en lui-même» pouvait débloquer le processus de paix au Proche-Orient...

À chaud, on s’est demandé, la semaine dernière, ce qui avait bien pu passer par la tête de MAM (Michèle Alliot-Marie), cette bonne ministre, fiable, solide et compétente qui jusque-là avait fait la preuve de ses qualités de femme d’État à la Défense ou à l’Intérieur. Avec le recul, on s’aperçoit à quel point son étrange proposition a été symptomatique du décalage complet du gouvernement français par rapport à la situation à Tunis. À quel point, loin d’être un dérapage, elle a résumé la proximité naturelle de la France avec le régime de Ben Ali.

Au lendemain du triomphe de la Révolution, la citation de la ministre apparaît encore plus insupportable. Presque honteuse tant elle porte en elle tout le soutien implicite apporté jusqu’à la fuite de l’autocrate à son régime policier. Il y a fort à craindre qu’elle laissera des traces, et de l’amertume derrière elles, même si MAM s’emploie, maladroitement, à réécrire l’histoire de sa déclaration malheureuse à l’encre respectable.

En bloquant les avoirs de la famille Ben Ali après avoir refusé de recevoir l’autocrate en exil en France, le gouvernement tente d’oublier son trop grand silence et sa mollesse. Il se rend compte, un peu tard, qu’il y avait d’autres signaux à envoyer au Maghreb. Prétendre ne pas l’avoir fait pour éviter tout reproche de néocolonialisme dans l’ancien protectorat n’est pas sérieux. En 2005, les députés UMP n’avaient pas craint l’ingérence dans l’histoire algérienne en faisant voter un alinéa sur «les aspects positifs de la colonisation». Une initiative qui avait pulvérisé le traité d’amitié franco-algérien pourtant prêt à être signé, ou presque.

À vrai dire, la démission de MAM ne changerait pas grand-chose. Le mal est fait. Mais si la ministre avait eu le bon goût de faire amende honorable, son image - et l’honneur de la France - auraient été sûrement mieux sauvegardés des deux côtés de la Méditerranée.


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