TOUT EST DIT

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mardi 18 janvier 2011

A bonne distance

Comme pour se rattraper, après des semaines de silence, le gouvernement français s’emploie désormais à redresser le cap : il affirme se tenir au côté du peuple tunisien, condamne les bandes armées qui créent le chaos et promet sa coopération dans la traque des biens mal acquis par l’ancien président Ben Ali. La colère des Tunisiens, la répression policière violente, puis le départ du chef de l’État tunisien semblent avoir pris de court les autorités françaises. Est-ce la conséquence du soutien inconditionnel à un président censé faire barrage aux islamistes ? Est-ce indulgence coupable en raison d’intérêts économiques trop liés ? Est-ce mauvaise analyse de l’événement ? Ou prudence : la France, comptant une communauté importante de ressortissants de Tunisie et nombre de Français qui y ont des racines, craint d’importer sur son sol des tensions supplémentaires.

Quoi qu’il en soit de ces raisons, la diplomatie française – sur le dossier tunisien comme après la présidentielle ivoirienne – se voit sévèrement critiquée. À vrai dire, trop discrète ou trop impliquée, la France se trouve immanquablement sur la sellette. Indifférence ou ingérence coupables : les accusations sont vite sur les lèvres. Les liaisons ambiguës avec des pouvoirs corrompus ou/et autoritaires ne sont pas l’apanage d’un camp politique. Mais elles ont assez duré. Aujourd’hui, ces nations et leurs peuples, qui ont avec la France une longue histoire tourmentée, ont le désir de tracer leur propre voie et de ne pas se voir dicter la route démocratique à suivre. En témoignent les mesures de respect des libertés publiques annoncées hier à Tunis.

Ce n’est ni à Michèle Alliot-Marie de proposer de former les policiers tunisiens à un maintien de l’ordre républicain, ni à Ségolène Royal de se porter garante du caractère démocratique de futures élections. C’est à l’Europe de prendre le relais, comme l’a fait la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, en promettant de soutenir la Tunisie dans tous ses efforts pour construire une « démocratie stable », pour préparer et organiser les élections. Avant, un jour que l’on espère prochain, de conférer à la Tunisie nouvelle le « statut avancé » qui resserrerait les liens entre les deux rives de la Méditerranée, d’égal à égal.

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