Steve Jobs poursuit son chemin de croix. Voilà la troisième fois qu'il s'absente de son entreprise pour raison de santé. A chaque fois, le même scénario se déroule. Un communiqué laconique pour annoncer son retrait. Puis, à son retour, la révélation de la gravité de son mal ajoute à l'inquiétude. Il demande cette fois le respect de sa vie privée. Souhaitons-lui donc un prompt rétablissement et posons-nous peut-être la seule question qui vaille à ce stade : quelle est la valeur d'un patron dans une entreprise ?
Il n'y a pas de réponse unique bien sûr. Nombre de sociétés ont vu disparaître brutalement leur chef, avec des conséquences fort différentes. En France, on se souvient de la mort tragique d'Edouard Michelin en 2006 ou de la disparition de Jean-Luc Lagardère en 2003. Ce dernier incarnait profondément l'entreprise qu'il avait créée, mais n'avait laissé planer aucune ambiguïté sur le nom de son successeur, son propre fils. Il reste que le profil du groupe en a été profondément bouleversé.
Dans le cas d'Apple, on peut clairement attribuer à Steve Jobs la responsabilité du redressement de l'entreprise qu'il avait fondée en 1976. Quand il est revenu en 1997 aux commandes d'Apple, celui-ci était en très mauvaise posture et sa valeur boursière était inférieure à 3 milliards de dollars. Elle approche aujourd'hui les 320 milliards, plus de 100 fois plus. Certes la mesure est imparfaite, mais, dans le même temps, son chiffre d'affaires a été multiplié par près de 10.
Cette performance unique dans les annales doit beaucoup au talent de Steve Jobs. Il a eu la vision de l'explosion du numérique grand public, a su l'imposer en interne, motiver les troupes, recruter les talents, imposer des choix et les communiquer à l'extérieur. Sa valeur est donc considérable. Sans lui, elle ne serait sûrement pas devenue la plus grande entreprise de high-tech au monde en termes de valorisation boursière.
Comme un pays se retrouve à un moment de son histoire dans l'élan d'un Churchill ou d'un de Gaulle, une entreprise peut voir son destin basculer par la grâce d'une seule volonté humaine. Si la valeur d'un homme se mesure plus à sa capacité à donner qu'à celle de recevoir, comme le soutenait Einstein, celle de Steve Jobs est certainement immense.
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