Alors que l'Europe endettée menace de s'effondrer et que les caisses nationales sont vides, il ne fallait pas s'attendre à un changement de cap. Alors que François Fillon avait qualifié, l'après-midi même, à l'Assemblée, son équipe de gouvernement de combat contre l'endettement, le chômage, l'injustice et l'insécurité, il ne fallait pas espérer de grandes révélations.
Pour Nicolas Sarkozy, l'exercice télévisuel d'hier soir consistait surtout à montrer qu'il restait le chef. Et qu'il pouvait relancer la confiance au lendemain d'un remaniement tant annoncé qu'il ne suscite pas d'enthousiasme, à quatre mois des cantonales et à dix-huit mois de la présidentielle.
Pour cela, il lui fallait, primo, justifier le choix de ministres qui n'ont pas toujours été ses favoris. La ligne de conduite présidentielle est simple : François Fillon est le meilleur Premier ministre possible, Jean-Louis Borloo rendra d'autres services à la France, tous les ministres sont excellents, ce remaniement n'est pas partisan... Tout ce qui se raconte et s'écrit de négatif sur la droitisation du gouvernement, sur le recul de l'environnement dans l'ordre des priorités, etc., ne serait que pure extrapolation des commentateurs.
Deuxio, avant que François Fillon n'en donne les détails dans une semaine, devant le Parlement, on attendait qu'il esquisse les réformes des dix-huit mois à venir. En réalité, il a d'abord consacré près d'une heure à refaire le débat des retraites, à se justifier sur l'épisode sécuritaire de l'été, avant d'aborder l'avenir.
Nicolas Sarkozy a tiré les leçons de l'épisode des retraites, puisqu'il promet, s'agissant de la dépendance, le lancement de six mois de consultation avant d'avancer des solutions. Sur la fiscalité, il sous-entend la fin d'un symbole du sarkozysme, le bouclier fiscal, parallèlement à la création d'un nouvel impôt sur le patrimoine.
En matière d'emploi, il renvoie à la négociation, en renouant le dialogue social abîmé par l'épisode des retraites, promettant un recul du chômage.
Tertio, les Français étaient curieux de savoir si le président de la République accepterait de réformer sa gouvernance, de se remanier lui-même. En bon politique, Nicolas Sarkozy s'est alors employé à démontrer qu'il maîtrise le calendrier, qu'il a gagné en sérénité et en réflexion. Il a mis un point d'honneur à expliquer qu'il pouvait commettre des erreurs, par exemple lors du débat incompris sur l'identité nationale. Et qu'il fallait se remettre en question, au point d'évoquer un nouveau et inattendu partage du travail avec François Fillon.
Il a surtout consacré plusieurs séquences ¯ sur la durée du conflit des retraites, sur la délinquance, sur le conflit avec Bruxelles à propos des Roms ¯ à reprocher aux médias et à ses trois interlocuteurs pas toujours très à l'aise, d'exagérer et de caricaturer les situations.
Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy a veillé, en début d'émission, à descendre dans le détail des sujets, à un niveau plus ministériel que présidentiel, donnant à sa prestation l'allure d'une accumulation de plaidoiries. Avant, dans un second temps, de se faire plus doux, plus posé, plus centré sur l'intérêt général. Plus présidentiel.
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