TOUT EST DIT

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mercredi 17 novembre 2010

Le Sarko nouveau

Finie la rupture, vive la stabilité ! Si le gouvernement n’a guère changé, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup assagi. À l’entendre, il n’y a eu « aucun nuage » entre lui et le Premier ministre. L’interminable feuilleton sur le choix d’un locataire pour Matignon n’a donc jamais existé. Ou alors, il a été programmé, par l’Élysée, dans le seul but de permettre aux Français de se distraire…

Le président a minimisé, également, les fortes secousses sociales de l’automne contre sa réforme des retraites. « Il n’y a eu aucune violence », a-t-il affirmé. C’est exact, mais un peu court pour résumer les huit journées d’action, les pénuries d’essence, les perturbations dans les transports ! Tout cela, le chef de l’État veut l’oublier. Il n’a pas parlé de réconciliation, mais c’est évidemment l’objectif recherché, alors que sa cote de popularité est au plus bas.

La volonté de rassurer à tout prix impose quelques contorsions : « Quand on donne le tournis, on accroît l’anxiété », a justement remarqué un homme qui a beaucoup réagi à chaud et sans grand recul, pas plus tard qu’au mois de juillet, à Grenoble, sur l’insécurité. Avec le tournis qui a saisi le pays après son discours « musclé »…

Hier soir, il a pris garde de ne pas se quereller, comme par un passé récent, avec les journalistes qui l’interrogeaient, malgré l’agacement visible que provoquaient certaines de leurs questions. Une cigale qui a fait du bruit pendant tout l’été peut-elle, pour autant, se faire fourmi à l’approche de l’hiver ? En d’autres termes, Nicolas Sarkozy arrivera-t-il enfin à revêtir le costume de président de la République, en laissant à ses ministres les bleus de travail de ceux qui mettent les mains dans le cambouis ? Jusqu’à présent, il n’a pas pu s’empêcher de brouiller à de nombreuses reprises l’action du gouvernement. L’intervention d’hier soir, encore, n’avait-elle pas pour premier objectif de précéder la déclaration de politique générale de François Fillon, à l’Assemblée ? Une manière, non pas de marquer qui est le chef – tout le monde sait que c’est lui, Nicolas Sarkozy – mais de faire taire ceux qui parlent d’un « hyper Premier ministre » après la victoire par KO de François Fillon sur Jean-Louis Borloo.

Le Sarko nouveau a débarqué avec deux jours d’avance sur le Beaujolais nouveau. Sera-t-il, comme le vin le plus célèbre du mois de novembre, un produit marketing ?

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