TOUT EST DIT

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mercredi 17 novembre 2010

Réformes : un président "gonflé"


Les Français pouvaient se poser avant l’intervention hier de Nicolas Sarkozy plusieurs questions. Les réformes vont-elles continuer ou la pause va-t-elle être décrétée ? La réponse était moins évidente qu’on ne croit, d’abord parce que le chef de l’Etat avait lui-même parlé de “ pause ”. Et ensuite parce que l’intérêt politique de poursuivre les réformes ne saute pas a priori aux yeux puisqu’une part des Français les contestent et qu’une autre part ne les a pas vues et pense en définitive (même si c’est paradoxal) qu’il n’y en a pas eu beaucoup. Voici pour le premier point. Second point : va-t-on vers une tonalité un peu plus sociale ? Il y avait donc du grain à moudre.
Et ce grain a été... moulu ! Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas lever le pied sur les réformes – avec tous les risques que cela comporte. Avec deux grands chantiers. Economique, la fiscalité. Social, avec la création d’une nouvelle prestation, pour la dépendance.
Comme ce sont les deux seules évoquées, cela veut dire au passage que François Fillon a encore un espace – il a par exemple parlé de l’assurance-maladie devant les députés hier !


Ces deux réformes sont évidemment compliquées. La prise en charge de la dépendance, on en parle depuis trois ans. Le but est de réduire les sommes à la charge des personnes âgées en maison de retraite ou de les aider à rester à domicile. Il s’agit de donner quelques centaines d’euros par mois supplémentaires.


Cette réforme ne coûte pas en elle-même énormément, mais qui doit payer ? Les contribuables, mais il y a la promesse de ne pas augmenter les impôts. Nicolas Sarkozy lui-même, il y a encore un mois, voulait relever la CSG sur les pensions des retraités – trouvant normal qu’ils contribuent. Vous avez aussi la possibilité de rendre obligatoire une assurance, qui coûterait par exemple 15 euros par mois à tous les Français. Vous vous doutez que les assureurs sont prêts. Un casse-tête, donc, surtout que le système actuel (l’APA) explose financièrement.


La réforme fiscale est beaucoup plus sensible encore. L’idée est de sortir par le haut du bouclier fiscal. La difficulté, à écouter hier soir Nicolas Sarkozy, était que la direction était à peu près claire, mais que le chemin pour l’atteindre ne l’est pas du tout. La suppression du bouclier a été seulement implicite ! On a aussi compris que l’ISF sera remplacé par un autre impôt, plutôt sur les revenus du patrimoine et les plus-values que sur le capital comme aujourd’hui.


En réalité, la logique budgétaire et la logique politique devraient conduire à ce que l’Etat, dans cette réforme, ne perde pas d’argent, qu’elle soit neutre, et donc qu’il s’agisse de transferts entre contribuables. Mais alors, quel est l’intérêt ? C’est une réforme d’autant plus difficile que Jacques Chirac, on s’en souvient, avait supprimé l’IGF (l’ancêtre de l’ISF) en 1986, et qu’on en a parlé pendant dix ans !


Au total, cette tâche n’est pas impossible, mais à coup sûr inédite ! A une grosse année d’une fin de mandat, risquer des réformes techniquement difficiles, virtuellement impopulaires et électoralement risquées est sacrément “ gonflé ” ! Et certainement pas "électoraliste au sens habituel du terme Et donc çà va être passionnant à suivre !

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