TOUT EST DIT

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mercredi 17 novembre 2010

Loin

Ce n'est pas faire du mauvais esprit... mais franchement que ce fut ennuyeux !
D'ordinaire, les interventions du président de la République suscitent des réactions tranchées. Là... Rien d'intense. Beaucoup de platitudes qui ont contrasté avec l'atmosphère passionnelle de ces dernières semaines. Le chef de l'État a tellement voulu montrer qu'il était apaisé, étranger au vacarme de l'actualité politique, qu'il a pris le risque de paraître atone. Un non-style empreint d'une sage modestie pour offrir l'image d'un chef de l'État détaché, au-dessus des enjeux électoraux. De ce point de vue, ce fut reposant : ces 90 minutes ont donné au téléspectateur l'étrange impression qu'une partie de l'histoire récente avait été effacée, comme si les turbulences de l'automne social n'avaient été que le fruit de l'imagination des médias.
Toutes les aspérités ont été soigneusement nivelées. Les éclats de l'affaire Bettencourt et les embarras d'Éric Woerth, les inquiétudes des jeunes et les millions de personnes dans la rue, le feuilleton délétère du remaniement et les états d'âme de la majorité, le climat général d'un pays qui n'a jamais été autant démoralisé et les finances publiques sur la pente de la faillite, le chômage qui angoisse la France et le besoin de justice qui étreint la société, la crise énergétique et l'urgence écologique... Autant de réalités qui ont été à peine présentes au cours de la soirée. Un fond de décor, plutôt pâle, à défaut de la perspective éclairée qu'on attendait sur la seconde partie de ce quinquennat.
C'est cette fadeur imprégnée d'une inhabituelle modestie qui, entre deux bâillements, a étonné. Il y a bien eu quelques ébauches d'annonces sur le plan dépendance avancé en 2011, la suppression simultanée du bouclier fiscal et de l'impôt sur la fortune, ou l'introduction de jurés auprès des juges d'application des peines et en correctionnelle, mais sans dessein, sinon brouillon. Même l'évocation de ces thèmes plutôt réactifs a été empreinte de lassitude.
Nous avons vu un président changé, fatigué, marqué par des échecs, qu'il a, à moitié, reconnus. Peut-être même a-t-il été sincère en confessant, sur le fil d'un exercice narcissique pesant, ses doutes sur son goût du pouvoir... Ce président qui s'est, logiquement, refusé à évoquer son ambition pour 2012 a été plus qu'approximatif sur l'avenir, affirmant sans ciller que le régime des retraites serait excédentaire en 2020. Au-delà des frontières de sa propre espérance de longévité politique, a-t-il concédé...
Espérance ? La soirée en a beaucoup manqué, justement. Le président du G20 n'en avait pas à proposer, comme s'il portait un regard désabusé, vaguement chiraquien, sur la capacité de la France - et la sienne - à affronter le monde nouveau qui se réinvente sous ses yeux.


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