jeudi 16 décembre 2010
Retraites : vive l'épargne collective
Dans un contexte post-crise économique avec des finances publiques exsangues -selon les critères de Maastricht -les Etats font face au défi du financement des retraites et de la dépendance. Ils répondent le plus souvent par une politique de « rustines », qui transforme le paysage des retraites complémentaires en un dédale de textes, d'où une véritable jungle dans laquelle se perdent les futurs retraités. En termes décisionnels, le choix d'un régime de retraite complémentaire à cotisations volontaires s'avère particulièrement délicat : on leur présente une multitude d'alternatives, certaines spécifiques à la forme et au statut de l'emploi, d'autres collectives ou personnelles, d'autres à fiscalité différenciée, à durée de placement variable, à performance inégale et avec ou sans la participation de leur employeur, sans mentionner les placements appelés « assurance-vie »…
De plus, la distinction entre épargne salariale, instituée en 1967 par une ordonnance du général de Gaulle, et épargne retraite -complémentaire et volontaire-s'est progressivement estompée. Les formes d'épargne salariale ont été diversifiées : à l'origine essentiellement composée de la participation aux bénéfices et de l'intéressement, l'épargne salariale comprend également les plans d'épargne retraite, tel par exemple le Perco créé en 2003. Schématiquement, ces plans comprennent au moins 3 OPCVM, avec des profils d'investissement différents, proposés par l'entreprise mais gérés par des institutions financières. Lors du départ en retraite, il est possible de choisir deux modes de sortie : soit en capital, soit en rente.
Trois caractéristiques majeures rendent ce type de retraite par capitalisation attractif : l'entreprise participe aux cotisations, le mode de sortie est laissé ouvert et, surtout, cette rente n'est pas viagère. En effet, les Français n'aiment plus les rentes viagères, contrairement aux XVIII e et XIX e siècles. Mirabeau, s'élevant contre « l'égoïsme » familial des détenteurs de telles rentes, les a sans doute convaincus…
Ces plans collectifs devraient être développés à grande échelle, car ils permettent de résoudre des questions socioéconomiques majeures : les manifestations contre la réforme des retraites ont mis en exergue à la fois les inégalités entre hommes et femmes et le caractère non redistributif des systèmes en vigueur. Ainsi, alors que 86 % des hommes arrivent à valider une carrière complète (avant la réforme !), la proportion chute à 44 % pour les femmes, qui, de plus, ne perçoivent que 62 % (1.020 euros mensuels en moyenne) du montant perçu par les hommes (1.636 euros). Nul besoin d'insister sur l'aspect non redistributif de ces plans, puisqu'ils sont constitués par capitalisation. Pourtant, les entreprises, y compris les banques, qui font face à une défiance accrue des ménages pourraient profiter de l'occasion qui leur est donnée d'atténuer ces inégalités et montrer l'importance qu'elles accordent au capital humain : d'une part, en augmentant leur abondement, d'autre part en le différenciant selon les revenus, le genre, l'ancienneté, etc., et ainsi introduire de la redistribution dans les retraites.
Plus techniquement, la sortie en rente (récupération du capital selon le rythme choisi) permet de définir des profils de revenus selon les différentes périodes de la vie d'un retraité. C'est donc à la fois la rémunération des placements constituant le capital retraite mais aussi la flexibilité qu'il faut intégrer dans les critères de choix.
Enfin et surtout, le danger de ces produits retraite par capitalisation est le risque lié à l'effondrement des cours de Bourse au moment du départ en retraite. Ainsi, la crise financière a eu un impact direct sur les fonds de pension dans le monde. Après un rendement moyen de -9 % en 2008 et malgré un redressement en 2009 (+7 %), la valeur des actifs n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant la crise. Les pays les plus affectés sont ceux où l'épargne privée par capitalisation obligatoire est importante : Australie, Canada, Danemark, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni. D'où la prise de conscience de l'importance des gestions financières en termes de cycle de vie pour les régimes par capitalisation. Mais ce n'est pas suffisant : la seule solution acceptable, permise par les innovations financières -elles ne sont pas toutes maléfiques -est d'inciter les ménages, surtout ceux à revenus faibles et moyens, à ne choisir que des plans d'épargne collectifs garantissant le capital
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire