TOUT EST DIT

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jeudi 16 décembre 2010

Salaires : combien gagnent les Français... et les Chinois

Les salaires occidentaux stagnent, tandis que les feuilles de paie en Asie s'envolent. Le détail continent par continent

Des paies qui devraient progresser, selon les dernières prévisions du cabinet Mercer, publiées ce mercredi, de 12,2 % l'an prochain au Vietnam, ou qui auraient même dû, si la promesse gouvernementale avait été tenue, augmenter de 80 % cette année dans le textile au Bangladesh ! Les salariés, à travers la planète, ne sont pas tous logés à la même enseigne puisque, selon le dernier rapport sur les salaires de l'Organisation internationale du travail (OIT), la tendance, dans les pays développés, est à la modération salariale, voire au recul. Si la crise économique, puis l'austérité budgétaire, ont gelé les feuilles de paie, cette compression des salaires n'y est pas nouvelle, et surtout elle contraste avec l'envolée des rémunérations observées en Asie. Selon l'OIT, si l'on prend l'année 1999 comme base de départ, l'augmentation cumulée n'atteint que 5,2 % dans les pays riches, contre + 109,3 % en Asie dans la même période. 

En Europe, de la Lettonie à l'Irlande en passant par l'Espagne et la Grèce, les salariés, fonctionnaires ou non, se voient imposer des baisses, après la stagnation enregistrée en 2008 et 2009, en pleine crise économique. À titre d'exemple, les salaires irlandais du secteur public ont été, en moyenne, baissé de près de 15 % cette année. La ponction touche aussi les feuilles de paie du secteur privé (? 5 % en moyenne), tandis que les nouvelles embauches se font à des salaires inférieurs de 25 % à ce qu'ils étaient avant la crise.

Cet amenuisement des rémunérations est un phénomène qui touche également les États-Unis, où les syndicats sont contraints de choisir entre salaires assortis d'avantages sociaux élevés et préservation de l'emploi. Le tout au nom de la compétitivité vis-à-vis des pays « usines du monde », Chine, Inde, Vietnam, Bangladesh... Si la modération salariale n'est pas le seul élément permettant d'accroître la compétitivité - dévaluation de la monnaie et gains de productivité peuvent aussi améliorer la structure de coûts -, la menace des délocalisations pourrait s'atténuer sous l'effet de cette convergence salariale à l'oeuvre. À Séoul, le rattrapage des rémunérations a déjà largement eu lieu (lire ci-contre), puisqu'en trois décennies l'écart des salaires entre la France et le pays du matin calme s'est réduit de 1 à 15 à 1 à 2.
Pour autant, les réservoirs de main-d'oeuvre à bas coût de la planète sont loin d'être épuisés et les écarts de coûts salariaux entre pays riches et pays du Sud demeurent encore souvent abyssaux.
Malgré les évolutions divergentes - la progression rapide des salaires dans les pays émergents versus la stagnation dans les pays développés -, le temps où Nord et Sud afficheront des niveaux de salaires identiques est encore loin. Dans une étude d'août 2008 intitulée « les salaires mondiaux convergent-ils ? », les économistes de Natixis estimaient que, au rythme actuel du rattrapage, il faudrait « à peine quarante ans pour que le coût du travail en Chine soit comparable à celui des pays du G7 ». Une vie professionnelle entière, en somme. Et une fois les salaires chinois au niveau de ceux de l'Occident, il restera encore le « made in Africa » - à prix cassés.

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