Alors même qu'elle n'a plus de gouvernement, la capacité de la Belgique à résister aux assauts de la crise est remarquable. Les élections qui ont eu lieu en juin dans ce pays atteint de schizophrénie n'ont permis de dégager aucun terrain d'entente et depuis, le pays est géré par intérim. Les gouvernements ont accumulé les emprunts, au point que la dette nationale est presque aussi élevée que le produit intérieur brut (PIB), et plus que celle du Portugal ou de l'Irlande, en niveau absolu comme en proportion. Les spreads (écarts de taux d'intérêt avec la référence allemande) sur la dette belge ne devraient-ils pas planer à des altitudes stratosphériques, comme ceux des pays de second rang de la zone euro ?
L'économie belge a des atouts qui font défaut à ces derniers. Soit, mais pour rejoindre l'analyse de l'agence de notation financière Standard & Poor's, qui a placé, mercredi 15 décembre, la note de la dette du pays sous perspective "négative", la Belgique ferait bien de ne pas pousser le bouchon trop loin.
Fondamentaux solides
L'avantage relatif dont elle jouit par rapport aux pays de second rang tient à la qualité de ses fondamentaux en termes de production, de compétitivité et d'exportation. Les pays de la périphérie ont construit leur essor sur le crédit, la hausse des salaires, l'aggravation du déficit public et la flambée de la dette nationale. La prospérité de la Belgique est plus ancienne. Le pays dispose d'une main-d'oeuvre qualifiée, et n'a pas laissé les salaires déraper. Si l'on rapporte les exportations au nombre d'habitants, la Belgique exporte plus que l'Allemagne. De grands organismes internationaux ont leur siège à Bruxelles, et les services sont dynamiques. Enfin, les ports d'Anvers et de Zeebrugge profitent de la reprise spectaculaire du commerce international.
Sur le plan macroéconomique, la balance des paiements, qui donne l'indication la plus large de la vigueur des échanges commerciaux, est excédentaire en Belgique. Au Portugal, le déficit extérieur est presque équivalent à 10 % du PIB. C'est ce qui fait la différence : la Belgique ne dépend pas des flux entrants de capitaux pour financer ses besoins. L'Etat et les banques peuvent puiser dans une épargne nationale élevée.
Il n'en existe pas moins des limites. Dans un pays aussi violemment déchiré, un gouvernement d'intérim ne peut mener à bien les réformes nécessaires à la réduction du déficit public, qui devrait représenter 4 % du PIB en 2011. L'administration est aussi mal placée pour améliorer l'efficacité de la supervision du secteur bancaire, ou parer aux éventuelles répercussions de nouvelles secousses dans ces fameux pays de second rang.
La Belgique doit à la fois décider de son avenir politique et améliorer l'état de ses finances, sous peine de voir ses fusibles à combustion lente se transformer en véritables bâtons de dynamite.
jeudi 16 décembre 2010
La Belgique n'aura bientôt plus les moyens de sa schizophrénie
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