Le dialogue se poursuit en parallèle entre Laurent Gbagbo et les émissaires ouest-africains. A l'ONU, l'ambassadeur désigné par Ouattara demande d'agir pour empêcher un «génocide».
Mercredi,les responsables de l'Afrique de l'Ouest ont accordé une semaine de plus à Laurent Gbagbo pour répondre à leur ultimatum de quitter le pouvoir. Les trois émissaires envoyés par la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont annoncé qu'ils reviendraient à Abidjan début janvier. L'hypothèse d'une intervention militaire, brandie ces derniers jours par l'organisation ouest-africaine, est «écartée pour le moment», a assuré le secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Cap-Vert, Jorge Borges. «Nous discutons toujours», a pour sa part déclaré le chef de l'État nigérian, Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cédéao.
L'exercice est délicat pour la communauté internationale. «Depuis deux ou trois jours, ça s'enlise, mais ça ne dégénère pas», note-t-on dans l'entourage de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. «Tout dépend maintenant de la capacité de Gbagbo à tenir ses hommes et de la capacité des troupes de l'Onuci à garder leur sang-froid face aux provocations.»
«Libérer à mains nues» le QG de Ouattara
Côté européen, les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité (Cops, sorte de centre de gestion de crise) ont finalisé mercredi à Bruxelles une nouvelle liste d'interdictions de visa, après un premier train de sanctions contre Laurent Gbagbo et 18 de ses proches entériné avant Noël. De source proche du Conseil, cette liste comprendrait 61 noms : elle viserait des membres du gouvernement, ainsi que divers responsables militaires, économiques et des médias. Son annonce officielle devra toutefois attendre janvier, car elle nécessite l'approbation individuelle des 27 capitales.Autre piste : le gel des avoirs du clan Gbagbo, une mesure «désormais dans les tuyaux», avec là aussi pour horizon le début du mois de janvier. Les ambassadeurs devaient également plancher sur un éventuel soutien logistique et naval à l'Onuci. Selon une source bien placée, Michèle Alliot-Marie a écrit à Catherine Ashton pour lui faire savoir que la France n'envisage de contribuer au soutien logistique de l'ONU «qu'en cas de dégradation de la situation et (seulement) dans la mesure où ces moyens seraient complétés par des moyens de l'UE».
Ces nouvelles menaces interviennent sur fond de «guerre des ambassades» entre Abidjan et la communauté internationale. Les Vingt-Sept ont décidé de ne plus reconnaître que les représentants nommés par Alassane Ouattara. La France a déjà lancé la procédure d'agrément pour un nouvel ambassadeur désigné, emboîtant le pas à la Belgique. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lancé le même message en posant auprès de Youssouf Bamba, le représentant désigné par M. Ouattara. Dès mardi,Laurent Gbagbo avait menacé de renvoyer les ambassadeurs des pays qui «entendent mettre fin» à la mission de ses représentants. Son camp menace aussi désormais d'aller «libérer à mains nues» à partir de samedi le Golf hôtel d'Abidjan qui sert de quartier général au camp d'Alassane Ouattara.
Mercredi soir, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU désigné par Alassane Ouattara, a assuré que son pays était «à deux doigts d'un génocide».
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