TOUT EST DIT

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jeudi 30 décembre 2010

Googlisation des cerveaux ?

En 2011, la proportion des ménages français ayant accès à Internet va sans doute dépasser les 80 %. On a beaucoup glosé sur les conséquences « sociétales » de cette révolution, mais, depuis quelques années, les spécialistes du cerveau s'intéressent à une autre question, qu'exprimait crûment le titre d'un article paru en 2008 dans la revue américaine « Atlantic Monthly » : « Google nous rend-il idiots ? » Pour son auteur, Nicholas Carr, l'utilisation intensive du média numérique, en nous invitant à sauter d'un site à un autre à travers les liens hypertexte, nous déshabitue de l'effort mental continu et amoindrit nos capacités de concentration et de mémoire : on peut prédire à ce thème un bel avenir, notamment dans le domaine éducatif.

Il faut remarquer d'abord que l'apparition de nouveaux outils intellectuels a toujours suscité des inquiétudes, à commencer par l'écriture. Le dieu Theuth, auquel la mythologie égyptienne attribue son invention, est ainsi invectivé dans un dialogue de Platon, le « Phèdre » : « Cet art produira l'oubli dans l'âme de ceux qui l'auront appris, parce qu'ils cesseront d'exercer leur mémoire. » Plus tard, des réactions de méfiance ont accueilli l'invention de l'imprimerie. Et, à propos de la télévision, le sociologue Marshall McLuhan nous avertissait, dans les années 1960, que « le message, c'est le massage ». Que dire de nos nouvelles « prothèses numériques » ? D'abord qu'elles contribuent à développer la pratique de la lecture (et de l'écriture, à travers le courrier électronique et les blogs), puisque leur usage, du moins en matière de communication et d'accès à la connaissance, passe essentiellement par des textes. Ensuite, qu'elles peuvent, si elles sont bien utilisées, favoriser la curiosité et l'initiative, parce qu'elles offrent à la fois la liberté et l'interactivité. Les parents s'inquiètent à juste titre des risques liés à l'Internet - contenus suspects ou addiction aux jeux en ligne. Pourtant, dans l'ensemble, une heure à surfer sur la Toile n'est-elle pas plus positive qu'une heure devant la télévision ?

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