Dans un contexte de guerre des monnaies et de comportements peu coopératifs, le G20 de Séoul aura quand même réussi à concrétiser des réformes engagées lors des sommets précédents. Je pense aux nouvelles règles prudentielles pour les banques (Bâle III) ou au nouvel équilibre dans la gouvernance du FMI. Le G20 s'installe ainsi comme le forum économique mondial privilégié. Il y est en effet question de croissance, de commerce, de taux de change, de développement, d'environnement… Le risque est la dispersion. Mais il existe aussi une opportunité de faire la synthèse de questions trop séparées (exemple des taux de change et du commerce international) et de négociations internationales éclatées entre de multiples enceintes.
Pour le reste, la plupart des chantiers restent ouverts. Les pays se sont engagés à s'abstenir de dévaluations compétitives. Par-delà les mots, c'est à l'aune des politiques menées que l'on jugera de la valeur de l'engagement. Tout va dépendre des politiques monétaires. Or nous sommes loin d'une démarche coopérative entre les grandes banques centrales. Les Etats-Unis vont probablement continuer à jouer le recul du dollar, même s'ils vont répétant l'inverse ; la Chine n'a pas pris d'engagement précis sur la réévaluation du yuan.
Surveiller les soldes courants plutôt que se crisper sur les taux de change est à la fois fondé et astucieux. Encore faut-il se mettre d'accord sur les chiffres. Ce sera donc sous l'égide du FMI, érigé en juge de paix et chargé d'élaborer des indicateurs des déséquilibres commerciaux. Un monde où chaque pays serait à l'équilibre de sa balance courante serait sous-optimal. Déficits et excédents extérieurs sont inévitables, reflétant des compétitivités différentes, mais aussi des configurations variées dans chaque pays entre la consommation, l'épargne, l'investissement… Mais pour la stabilité mondiale, il faut corriger les soldes non soutenables à terme. S'accorder sur les indicateurs et sur les seuils de soutenabilité, arriver à un diagnostic partagé, tout cela fera partie des tâches de la présidence française du G20. C'est un point important s'il permet de sortir du dialogue de sourds à propos des excédents chinois, allemands… et des déficits américains.
Un volet ambitieux concerne la réforme du système monétaire international. Ici, l'échelle de temps est beaucoup plus étirée, tant les transitions d'un régime monétaire à l'autre sont longues. La présidence française peut amorcer le passage vers un monde multipolaire, ce qui prendra des années, avec d'autres monnaies de réserve à côté du dollar. Par exemple, l'horizon de la pleine convertibilité du yuan se situe probablement entre cinq et dix ans à partir de maintenant. Aujourd'hui, le dollar est contesté (par les Chinois, etc.) sans être vraiment remplacé, et cela malgré la percée indiscutable de l'euro (27 % des réserves de change des banques centrales dans le monde, part de 15 % à 20 % dans la facturation du commerce mondial). A court terme, une contestation excessive accélérerait le recul du billet vert, faisant perdre beaucoup d'argent à la Chine sur ses réserves de change et pénalisant l'Europe par une montée excessive de l'euro (par-delà l'effet à court terme de la crise grecque, irlandaise…). Attention décidément aux transitions !
Sur d'autres points, la présidence française peut espérer des résultats plus rapides. La France met à l'ordre du jour du G20 la volatilité des prix des matières premières, en particulier des produits agricoles. Des mesures visant à renforcer la transparence et à limiter la spéculation sur ces marchés pourraient être adoptées assez vite, tant le diagnostic paraît partagé. Doter le G20 d'un secrétariat permanent pour suivre engagements et recommandations fait d'autant plus sens qu'il va de façon irréversible estomper le G7-G8. Enfin, la présidence française doit contribuer à mieux articuler les différents étages de la fusée : d'une part, une meilleure cohérence entre l'ébauche de gouvernance mondiale et les progrès requis de la gouvernance européenne ; d'autre part, une meilleure interface entre le G20 et les différents organismes internationaux (y compris bien sûr le système onusien). Il y va, avec ce dernier point, de la crédibilité de la gouvernance mondiale en gestation. Il est par ailleurs essentiel que les pays non membres du G20 puissent être mieux consultés, par-delà leur représentation indirecte via des organismes régionaux ou internationaux. Ici, l'efficacité de la coordination et les exigences démocratiques sont susceptibles de se rejoindre…
1 commentaires:
IL SERAIT VAIN DE VOULOIR GOUVERNER UN EMPIRE SUR LEQUEL LE SOLEIL NE SE COUCHE JAMAIS !
Voilà qu’avec le sommet du G20 a été célébrée la grand-messe de la mondialisation à l’occasion de laquelle devraient être consacrées les lois d’une bonne gouvernance mondiale !
La mondialisation est devenue un champ de bataille sur lequel s’affrontent tenants et opposants, affligés tous qu’ils sont dans ce domaine – comme dans beaucoup d’autres- du syndrome du thermostat.
Ils manipulent en effet cet instrument complexe de la mondialisation de la même façon que beaucoup d’entre-nous manipulent le thermostat en n’en reconnaissant que les positions extrêmes.
Les inconditionnels de la mondialisation clament : « Tout et tout de suite ! », « Rien et jamais ! » s’insurgent les opposants.
Les premiers n’ont jamais clairement défini ce qu’ils entendent par cette mondialisation à laquelle s’opposent les seconds.
Il faut bien reconnaître que les premiers entendent que la mondialisation ne soit qu’un processus d’ouverture des économies nationales sur un marché planétaire. L’Homme étant sans importance, le processus doit être instantané quelles qu’en soit les conséquences sociales.
Les seconds s’opposent à la mondialisation dans la mesure où elle n’est pas, avant toute autre chose, cet objectif vers lequel devrait tendre l’humanité d’assurer l’épanouissement de l’Homme par la communication et l’échange entre individus dans le respect des différentes cultures.
L’ineffable concept de développement dit durable est l’outil, parfait utilisé par les premiers pour parvenir à leurs fins, ses composantes sont dans l’ordre des priorités : l’Économie, l’Environnement et le Social
Ne serait-il pas plus raisonnable, ce développement étant qualifié d’autoporteur, que sa seule composante soit le Social, de façon à atteindre le parfait épanouissement de l’Homme, l’Économie n’étant que l’outil pour y parvenir, mis en œuvre dans le respect de l’Environnement ?
Mais ne serait-ce pas la soif de pouvoir de maints de nos gouvernants qui, au travers de cette mondialisation effrénée, leur fait rechercher les secrets d’une gouvernance mondiale qui ne saurait porter que sur l’Économie ?
N’oublient-ils pas le malheureux dans leur conception uniquement matérialiste de la gouvernance, qu’il sera éternellement vain de vouloir gouverner un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ?
Joseph Staline se prélasse à Sotchi au lever du soleil. Il est un peu surpris, mais pas trop quand même, que l’astre du jour s’adresse humblement à lui.
« Oh grand Staline sais-tu à quel point je t’admire ? Tu es un homme merveilleux, un grand chef, un petit père adorable pour le peuple qui t’aime tant. Permets que ma modeste lumière éclaire ton merveilleux empire je te promets de ne pas te porter ombrage. ».
« Mais oui camarade soleil, toutefois ne t’attarde pas trop dans certains recoins où il n’y a rien d’intéressant pour toi, d’ailleurs je te ferai surveiller. ».
Le soir est venu Staline avide de compliments et de flatteries revient se prélasser sur la plage.
Le soleil ne dit rien, il l’interpelle donc : « Dis donc camarade soleil t’aurait-on coupé la langue que tu ne dis plus rien, ou as-tu oublié de me faire louanges et compliments que je mérite tant ? » « Que non ! mais maintenant mon petit bonhomme je suis passé à l’Ouest ! ».
Bergerac le 5 novembre 2010
Jean-Pierre Canot
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